Kermali, le doyen des entraîneurs, tire, à l'occasion de son jubilé organisé ce week-end à Sétif, la révérence. Le cheikh, qui a, des décades durant, bourlingué d'un stade à un autre, sera, à l'occasion, honoré. Le cheikh retrouvera ses compagnons de la glorieuse équipe du FLN et plusieurs générations de joueurs qui l'ont approché. La manifestation, parrainée, pour la première fois, par le président de la République, sera animée par l'Entente, l'AS Marsa et l'Itihad de Tripoli, alors que le MC Oujda s'est désisté en dernière minute. Les recettes de ce jubilé seront versées aux malades cancéreux. « Il m'est impossible de demeurer insensible devant la souffrance de ces êtres. On doit par des gestes simples aider ces patients », dira le cheikh, qui partage son temps entre la marche quotidienne, la lecture et la télévision. « Pour garder la forme, je m'adonne à de longues balades matinales. La lecture de pas moins de cinq à six titres meuble, avec le zapping, mon temps, toujours dominé par l'actualité footballistique », souligne le Sétifien, s'estimant du haut de ses 75 ans, encore en mesure de rendre service. « Le football est ma vie. C'est ma bouffée d'oxygène. Je risque d'étonner beaucoup de monde en vous disant que je suis disposé à reprendre du service. Je ne le ferai pas pour de l'argent, mais par passion... », précisera notre interlocuteur qui profite de la vie. « Le football m'a tout donné, mais m'a, par contre, privé de l'ambiance familiale », souligne Kermali. Le cheikh, qui ne veut pas entendre parler de retraite, a de nombreux projets. « Je veux m'occuper davantage des miens. La rédaction de mes mémoires, qui est à un stade avancé, me tient à cœur car je n'ai pas envie de partir sans laisser de traces », martèlera Kermali, qui prend du plaisir à répondre aux sollicitations des journalistes qui « braquent » à nouveau leurs enregistreurs. Une carrière bien remplie Les voyages, l'implication dans la lutte contre le cancer et l'actualité footballistique sont les autres priorités du cheikh. « Je n'ai pas adhéré à l'idée d'organiser le jubilé pour ramasser de l'argent. J'ai accepté l'offre du wali de Sétif, qu'il soit une fois de plus remercié au passage, pour venir en aide aux praticiens et au secours des malades. J'aimerais bien que mon geste fasse tache d'huile. Je vais m'investir davantage dans cette noble action », déclare le cheikh, qui prouve une fois de plus qu'il est de la trempe des grands. Le vieux routier, qui s'intéresse aux questions de l'heure, dira dans un soupir : « Sans une réforme globale, des mentalités surtout, le football algérien ne sortira pas de l'ornière. Le salut de notre sport roi, qui est gangrené par la violence, la combine, l'incompétence et les coups bas, ne peut provenir du recrutement d'un entraîneur étranger. Tant que l'infrastructure n'est pas mise à niveau, que les catégories jeunes sont délaissées, notre football ne relèvera pas la tête. » En guise de conclusion, Kermali mérite pour ses 60 ans de bons et loyaux services tous les honneurs.