Ces immigrants poussés à l'exode par les dramatiques événements qui secouent leurs pays respectifs, vivent tant bien que mal de la charité de milliers d'anonymes. Avec l'arrivée de dizaines de réfugiés syriens et de pays subsahariens, s'adonnant à la mendicité devant les mosquées, les cafés et les grandes surfaces commerciales de la ville, les bienfaiteurs et autres donateurs sont mis à rude épreuve ces jours-ci à Biskra. Emus par ces tristes scènes de pères de famille et de femmes que le sort n'a pas préservés et de jeunes et de vieilles mères accompagnées d'une ribambelle d'enfants en bas âge quémandant, formules religieuses à l'appui, de quoi subvenir à leurs besoins, les gens sollicités mettent souvent la main à la poche, a-t-on constaté. Ces immigrants poussés à l'exode par les dramatiques événements qui secouent leurs pays respectifs, vivent tant bien que mal de la mansuétude, des dons et oboles de milliers d'anonymes. Les bénévoles du Croissant rouge algérien, la DAS et la Protection civile ne sont pas en reste de ces actions de solidarité et d'aide à cette population déshéritée, dont le nombre va crescendo. Ils interviennent dans la mesure de leurs capacités et de leurs prérogatives. Comme dans toutes les villes d'Algérie, il semble ainsi que les affres de l'exil, du malheur et de la pauvreté endurées par ces réfugiés ne laissent personne indifférent. Les Syriens mieux lotis que leurs congénères du Niger ou du Mali, sont en général pris en charge par des familles et des connaissances tandis que ceux des pays subsahariens se débrouillent comme ils peuvent pour survivre. Les jeunes hommes qui ont élu domicile dans les petits hôtels et les hammams du centre-ville tentent de trouver un travail pour gagner quelques dinars tandis que les femmes, filles et jeunes garçons squattant l'ancienne gare routière, située sur la route de Batna, sont contraints à la vie en plein air et à la mendicité. Une alternative qui leur rapporte juste de quoi manger un peu et économiser quelques centaines de dinars pour gagner une ville septentrionale, selon leurs témoignages. «Biskra est un paradis par rapport à ce que nous avons vécu au Mali.», dira B. Aminatou, trentenaire, veuve et ayant 3 enfants à charge, qui ne manque pas de rendre grâce à toutes les personnes qui aident les siens en ces moments difficiles qu'ils traversent. Ces gestes de bienfaisance, aussi louables fussent-ils, provoquent, cependant, l'ire des mendiants locaux qui se plaignent d'être oubliés et marginalisés depuis que les démunis étrangers ont fait leur apparition dans les rues de la Reine des Ziban. Pour mieux faire entendre leurs voix dans cette marée de misère, ceux-ci adoptent désormais une nouvelle approche pour sensibiliser les gens sur leurs situations et les inciter à leur donner quelques pièces de monnaie. De bon matin, ils déambulent dans les quartiers et les cités, ciblés au préalable, et n'hésitent pas à frapper aux portes des maisons pour expliquer qu'ils sont algériens et que eux aussi ont besoin de la charité et de la solidarité nationales.