Ces pauvres enfants, dont l'âge, pour leur majorité, ne dépasse pas 10 ans, sont utilisés comme appât, par ces femmes “porteuses d'enfants et de bébés". La mendicité est un phénomène inquiétant qui prend de l'ampleur en ce mois de Ramadhan dans la région de Laghouat. Très sales et mal vêtus, des enfants seuls, lâchés par leurs parents, continuent à errer à travers les villes de la wilaya de Laghouat, notamment au chef-lieu de wilaya, réduits à la mendicité en l'absence de l'autorité de l'Etat. Ils fréquentent les rues commerçantes, les entrée de mosquées, restaurants et autres cafés, et demandent l'aumône sans vergogne. Ces pauvres enfants, dont l'âge, pour leur majorité, ne dépasse pas 10 ans, sont utilisés comme appât, par ces femmes “porteuses d'enfants et de bébés". à ceux-là s'ajoutent, visiblement, plusieurs familles syriennes et autres populations immigrantes, pour mendier. Elles seraient principalement d'origine subsaharienne, cherchant à fuir les différents conflits ayant éclaté ces derniers mois dans leurs pays respectifs. Hospitalité oblige, caractéristique des gens du sud du pays, la population s'est montrée généreuse en leur prêtant aide et assistance dès leur arrivée, leur offrant des repas et des habits. En dépit du fait que ce fléau est en train d'entrer dans la normalité en raison de la paupérisation de larges pans de la société, il n'en demeure pas moins que le nombre de mendiants se multiplie ces dernières années. Une simple virée dans les quartiers de Laghouat vous renseigne sur ce phénomène où des femmes de différents âges, seules ou avec des bébés et enfants en bas âge, parfois des nourrissons, et des hommes occupent les trottoirs des principales artères pour élire domicile devant les mosquées, les ruelles des quartiers principaux de la ville et sous les arcades des locaux commerciaux, en quête d'argent ou de quelque subsistance. à la gare routière, devant les bureaux de poste d'Al-Gharbya, comme dans d'autres quartiers de la ville, il vous est parfois impossible de vous frayer un chemin dans la foule, sans être interpellé par ces pauvres mendiants des deux sexes et de tout âge qui vous demandent l'aumône. Assises à même le sol, ces femmes, dont l'âge ne permet pas généralement de procréer, portent dans leur giron des nourrissons qu'elles traitent sans aucun ménagement pour les faire tenir tranquille ou encore allongés à même le sol les exposant à la poussière et la chaleur du soleil en ces jours de canicule. écœuré par ces images misérables, un passant crie à qui veut l'entendre et pointe un doigt accusateur vers le “département de la Solidarité nationale qui ne fait rien pour porter secours à ces enfants en détresse". Tel un rituel, ces “porteuses d'enfants" se postent tôt le matin à l'entrée des mosquées de la ville, certaines en haillons, d'autres enveloppées de leur hidjab, pour mieux susciter la magnanimité des fidèles venus accomplir leur prière. Au moment où elles tendent la main et font tout pour apitoyer les fidèles qui font souvent preuve de générosité, certains de leurs enfants dorment encore, d'autres (bébés) tètent. Quant à ceux en mesure de marcher, ils s'accrochent aux passants pour leur “soutirer" quelques sous. Souvent lâchés par leurs parents, des enfants sillonnent à longueur de journée et sous un soleil de plomb les trottoirs et les vitrines des magasins et autres boucheries à la recherche de la charité. Le même scénario est constaté en fin de mois devant les bureaux de poste de la ville. Période propice, du fait des virements des salaires de milliers de travailleurs. Scènes révélatrices de la misère qui gagne un grand nombre de foyers. Des spectacles désolants et frappants à plus d'un titre, lorsque cette innocence est violée de plein fouet, alors qu'elle nécessite, à son âge, une protection sociale particulière par les parents et l'état. Le paradoxe, nous dit-on, est que, pour les mendiants adultes, très peu acceptent de la nourriture, préférant plutôt de l'argent. à ce titre, un commerçant a indiqué que “beaucoup d'entre eux exploitent les enfants pour s'assurer un gain facile". Une pratique prohibée qui s'exerce pourtant à ciel ouvert, au vu et au su des pouvoirs publics. Au lieu d'investir les voies publiques pour mendier, l'école reste incontestablement le milieu naturel pour l'émancipation de cette innocence exploitée. Malheureusement, ces pauvres enfants sont utilisés comme appât, par ces “porteuses d'enfants et de bébés". Ils vivent, en réalité, des moments dramatiques de leur vie. B A