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Ce haut-lieu de l'histoire de la Numidie
Karkar Laâraïs. Beni Ghenam (Beni Saf)
Publié dans El Watan le 02 - 09 - 2013

Hormis la pause du Ramadhan, cet été les épousailles ont rivalisé de vacarme et les cortèges nuptiaux se sont livrés à des rodéos automobiles devenus banals sur la voie publique. Les festivités matrimoniales ne sont décidément plus ce qu'elles étaient.
Ainsi, dans la région des Beni Ghenam, du côté de Beni Saf, par exemple, aucune des mariées n'a marqué les jours avant ses noces par une ziara à Karkar Laâraïs comme cela se faisait il y a une trentaine d'années. Il est vrai que les prêches des nouveaux prédicateurs en islamité, apparus dans années 1970, ont su être convaincants. Le même anathème a été jeté sur un autre karkar, toujours en zone montagneuse mais du côté d'Aghlal, plus au sud-est de la wilaya de Témouchent, sur les monts du Tessala. Cependant, celui de la rive est d'Oulhaça n'est pas qu'un simple karkour (tumulus). Dans l'esprit des petites gens, il n'est pas celui d'un marabout mais il revêt une certaine sacralité dans leur imaginaire. Pour ceux que l'école a dotés d'une instruction, il s'agirait de ruines romaines.
Ce qui est faux, de sorte que, faute d'un réel savoir historique sur le passé de la région, voire du pays, c'est la légende qui a suppléé l'ignorance. On vous raconte qu'en des temps immémoriaux, là, au sommet de cette colline qui surplombe toutes celles qui font un couloir à l'embouchure de la Tafna sur la Méditerranée, des noces étaient célébrées. Pour une raison inconnue «ce qui était au-dessus du sol, terre, femmes, hommes et enfants s'est retrouvé sous le sol, alors que ce qui était en-dessous occupa la surface, d'où l'amas de pierraille qu'on voit encore aujourd'hui», explique Mellouk, un paysan du coin. Nous l'avions rencontré près des lieux alors qu'il finissait d'ensacher sa récolte de pois chiches après égrenage sur une aire de battage. Et Mellouk de préciser : «D'ailleurs, lorsque des savants étrangers sont venus faire des fouilles, ils ont découvert des corps humains avec encore les bijoux qu'ils portaient le jour du mariage maudit.» Mellouk va plus loin : «Moi-même une nuit, en passant par là pour débusquer des lièvres, j'ai entendu des youyous et des chants et même le son du pilon qui moulait le café !»
Mais qu'en est-il de l'histoire ? Belkeddar Zoheir de l'association Siga, qui s'était fait notre guide pour la bonne cause de la défense du patrimoine historique, indique : «C'est l'un des plus importants monuments dans l'histoire de l'Afrique du Nord durant la période dite hellénistique (à partir et antérieurement au IIIe siècle avant J.-C.) dont Imedrassen (Batna) le mausolée du Khroub, de Maurétanie (Tipasa), de Dougga (Tunisie) et de Sedrata (Lybie).» Il devait accueillir la dépouille mortelle du plus puissant aguelid de l'époque, Syphax (250/202 av. J.-C.) qui régna sur le royaume massaessyle, un Etat qui allait de l'oued Moulaya, à la frontière marocaine, jusqu'aux alentours de l'antique Cirta. Tite Live («historien» de la Rome antique, 59 av. J.-C./17 après J.-C.) dit qu'il fut le plus puissant roi de l'Afrique du Nord et la Massaessylie le plus important royaume à son époque. En témoigne le fait qu'il fut le premier «aguellid numide» à frapper la monnaie, ce qui est le signe d'une économie avancée et d'un Etat qui représentait une force économique indéniable. De ce fait, il fut courtisé tout autant par Rome que par Carthage, chacun le voulant comme supplétif dans sa volonté de suprématie en Méditerranée. Syphax s'imposa plutôt aux deux belligérants, en 206 av. J.-C., en médiateur, réussissant à réunir autour de lui, à Siga, Hasdrubal et Scipion, les deux plus puissants généraux des empires carthaginois et romain. A cette période de l'histoire, Rome avait récupéré ses alentours en Italie, la Sicile entre autres, et l'Espagne. Elle voulait mettre pied en Afrique et en découdre définitivement avec Carthage. Syphax demeura dans une attitude positive entre les deux puissances de l'époque, bien que Carthage, par diplomatie matrimoniale, lui offrît pour épouse la princesse Sophonisbe, la fille d'Asdrubal auparavant promise à Massinissa. Syphax ne quitta sa neutralité que lorsqu'il sut l'alliance romaine avec Massinissa. Ce qui, selon les affirmations d'historiens algériens, contredit les allégations de certains auteurs algériens sans qualification aucune en matière d'histoire, ces derniers ayant voulu faire de Syphax un jouet entre les mains de Sophonisbe dans la rivalité entre Rome et Carthage.
Aujourd'hui, ce qui devait être le tombeau, domine à 220 m de hauteur la rive ouest de l'embouchure de la Tafna, là où est enseveli sa capitale, Siga. Elle y dort depuis des siècles sur trois collines devenues broussailleuses. Syphax, lui, défait à l'issue de la deuxième guerre punique, mourut en détention sur le sol italien. Zoheir, notre guide improvisé, indique : «Contrairement à tous les monuments funéraires numides, Celui-ci possède deux particularités. Si tout comme eux, c'est un tumulus en forme de tour, sa base n'est cependant ni carrée ni circulaire mais curvi-rectiligne avec un côté gauche alternant un côté droit sur six faces. La seconde différence, c'est que son souterrain ne comprend pas une seule chambre funéraire. Sa galerie sur 45 m comprend en enfilade dix chambres et dispose non pas d'un seul accès mais trois. C'est donc un mausolée dynastique. Au plan de la visibilité, avec ses 20 m de hauteur à l'origine, il a été édifié pour en imposer et traduire la grandeur de la dynastie. Aujourd'hui, il n'en reste que 5 m, résultats de profanations successives. La première doit dater de l'Antiquité. En effet, l'histoire enseigne qu'il n'y a qu'une dynastie rivale pour vouloir effacer celle qui l'a précédée. En l'occurrence, ce serait du temps du règne de Bocchus 1er, roi de Maurétanie de 110 à 80 av. J.-C. qui avait reçu legs des Romains sur une partie du pays massaessyle. Dès cette époque, il est devenu un karkar.» Lui, tout autant que tout en bas l'ex-cité de Siga attendent d'être fouillés pour livrer l'histoire de la Massaessylie et mettre à jour un pan formidable de l'histoire de la Numidie.
En attendant, 7,9 millions de dinars ont été débloqués pour l'étude et le suivi du plan de protection du site. Si cette décision est opportune, la plus idoine serait d'investir dans la recherche sur ce site vierge. Il y a tant à dire et la méconnaissance de l'histoire tant immédiate qu'ancienne pénalise le présent de notre pays…


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