Les diplômes délivrés par l'université ne sont pas en adéquation avec le marché de l'emploi. Le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur atteint 16,1% ; celui de la formation professionnelle est de 12,4%. Il n'y a plus d'engouement pour les filières sciences exactes et technologie. Le constat établi, il y a quelques jours, par le ministère de l'Education nationale a été appuyé, hier, par les chiffres communiqués par le secrétariat d'Etat auprès du Premier ministère chargé de la Prospective et des Statistiques. Le nombre de diplômés des filières sciences exactes et technologie représente 5,9% de l'ensemble des diplômés de l'année 2010-2011, tandis que les diplômés des filières lettres représentent 45%. Au moment où cette filière connaît une croissance annuelle moyenne de 14,6% durant la période allant de 1990 à 2011, les sciences exactes reculent pour avoisiner une croissance annuelle moyenne de 2,1%. Conséquence : les diplômes délivrés par l'université ne sont pas en adéquation avec le marché de l'emploi. D'après les statistiques de l'ONS, le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur a atteint 16,1% et celui de la formation professionnelle 12,4%. «Notre objectif est d'être parmi les pays émergents d'ici 2030. Ce n'est pas impossible, car nous en avons les moyens. Mais ce n'est pas aussi garanti, car cela demande des conditions», prévoit Bachir Messaitfa, secrétaire d'Etat auprès du Premier ministère chargé de la Prospective et des Statistiques. La garantie doit être assurée également par l'école qui forme les générations futures. Mais cette dernière va mal, comme en témoignent les intervenants lors d'une rencontre tenue hier au siège du département de Messaitfa. La rencontre, ayant pour thème «Le système éducatif et le développement», a été animée par des professionnels de l'éducation et des universitaires. Ils se sont tous entendus sur le fait que le système actuel ne donne pas une formation adéquate à l'élève qui parfois arrive à l'université sans la maîtrise des pré-requis. Toutefois, certains ont mis l'accent sur les méthodes d'enseignement qui sont inefficaces. Alors que d'autres ont critiqué violemment le contenu des programmes qui ne dotent pas l'Algérien du savoir lui permettant de s'adapter aux exigences de l'époque actuelle. «L'allégement du contenu des programmes n'est pas une solution», considère Ali Taouinet, professeur au département de psychologie et sciences de l'éducation à l'université d'Alger II. Ce dernier propose au ministère de l'Education nationale de créer des passerelles avec l'université, notamment en ce qui concerne les sciences de l'éducation. «Si l'élève passe deux ans à l'école sans savoir ni lire ni écrire, le problème réside dans la qualité de l'enseignement», atteste M. Taouinet. L'efficacité de l'acte d'enseigner a été remise en cause à plus d'un titre. Les langues et autres matières sont très mal enseignées, notamment les mathématiques que les élèves fuient de plus en plus. Outre la défaillance dans la transmission des connaissances, la formation de la personnalité de l'écolier a été également remise en cause. «Le programme qui ne change pas le comportement de l'élève n'est pas un programme», a mis en garde le professeur en sciences de l'éducation.