La qualité de la formation éducative demeure en deçà des attentes. Ce constat est celui des professeurs et spécialistes en éducation présents, hier, à la deuxième édition du « petit déjeuner de la prospective », forum initié par le secrétaire d'Etat auprès du Premier ministre chargé de la Prospective et des Statistiques, Bachir Messaïtfa. Durant cette rencontre, sur le thème « Le système éducatif », les intervenants ont estimé que la politique éducative, malgré « une énorme évolution », reste insuffisante au regard des défis de l'heure. Bachir Messaïtfa a tenu à faire savoir que son département a mis en place une sous-direction qui a pour mission de décortiquer le système éducatif dans ses trois compartiments, éducation nationale, formation professionnelle et enseignement supérieur. Ce forum se veut, selon lui, un espace pour stimuler une réflexion collective sur les enjeux majeurs afin de répondre aux défis des années à venir. Il s'agit d'une opportunité pour un débat sur la façon dont va s'articuler le système éducatif autour des nouvelles données économiques et sociales. Car les performances du système, au regard des moyens qui sont mobilisés, restent « insuffisantes », selon les données du secrétariat d'Etat de la Prospective et des Statistiques. Ainsi, les filières technologiques sont de plus en plus « délaissées » au profit des sciences humaines. « Ce qui réduit considérablement nos capacités d'innovation », a signalé M. Messaïtfa. Ainsi, il a été constaté la prédominance des sciences sociales et humaines au détriment des sciences exactes, qui ont connu une hausse importante du nombre d'étudiants durant la période 1990-2009 (42.354 en 1990 à 527.128 étudiants en 2009). De plus, la structure du système éducatif est orientée plus vers l'université que vers la formation professionnelle. Des « indicateurs » pour apprécier les résultats de l'école Parmi les autres lacunes relevées, l'insertion dans la formation professionnelle qui se fait uniquement suite à un échec dans le cycle d'enseignement. A cela s'ajoute l'inadéquation entre le produit de la formation et le marché de l'emploi. D'ailleurs, le niveau de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur a atteint 16,1%, et 12,4% pour la formation professionnelle, selon l'Office national des statistiques (ONS). Face à cette situation, l'inspecteur de l'éducation nationale, Bellabès Mustapha, membre du groupe spécialisé mathématiques au sein de la commission des programmes, a rappelé que 458 propositions ont été émises lors des consultations entamées avec les enseignants. Il a reconnu que les défis sont multiples, dont le besoin d'améliorer les conditions de l'enseignement, d'intégrer les technologies de l'information et de la communication (TIC), d'adapter la formation avec les besoins de l'emploi, de promouvoir l'enseignement de la langue arabe et des langues étrangères, d'améliorer la gestion pédagogique et administrative des structures éducatives et, enfin, de mettre en application les objectifs de l'école comme le stipule la loi d'orientation de l'éducation. Le directeur de la prospective au niveau du ministère de l'Education, Chaïb Draâ, a, quant à lui, reconnu que le défi de l'heure est de garantir une formation éducative « de qualité » à chaque citoyen. En 2030, la population du secteur sera triplée. Ce qui implique des efforts supplémentaires. Depuis l'indépendance, l'approche fut « systémique », rappelle-t-il, avant d'affirmer que « la réforme de l'éducation ne doit en aucun cas être figée ». L'inflation des savoirs, la lourdeur des programmes éducatifs, sont autant de paramètres à prendre en compte, souligne-t-il, en précisant « qu'un mauvais programme enseigné par un mauvais enseignant aboutit assurément à une catastrophe ». Dans un cadre plus global, M. Messaïtfa a assuré que son département a pour mission de mettre en place des « indicateurs » destinés à suivre et apprécier les résultats des politiques du système éducatif dans ses trois paliers à l'horizon 2020. En plus de la base de données sociales, qui est en cours de réalisation et qui constitue « un outil d'appui aux pouvoirs publics en matière de suivi et d'évaluation ».