Le secteur de l'enseignement dans ses trois composantes (éducation nationale, formation professionnelle et enseignement supérieur) a bénéficié d'un budget de 1798 milliards de dinars dans le programme quinquennal 2010-2014. Un budget de 852 milliards de DA a été consacré au secteur de l'éducation dans ce même programme, a indiqué hier à Alger, Bellabes Mustapha, inspecteur de l'éducation nationale.Dans son intervention à la rencontre organisée par le secrétariat d'Etat auprès du Premier ministre, chargé de la Prospective et des Statistiques, M. Bellabes a précisé que cet important budget a été mobilisé pour la réalisation des projets de 3000 écoles primaires, 1000 CEM, 850 lycées, 2000 internats et cantines scolaires. Il ajoutera que le secteur a enregistré des progressions en termes d'encadrement, de santé scolaire et de restauration. Pour l'année scolaire 2013-2014, quatre millions d'élèves bénéficieront de livres scolaires à titre gratuit, pour un montant de 6,5 milliards de DA tandis que neuf milliards de DA ont été consacrés à l'opération de la prime scolaire de 3000 DA, allouée aux élèves démunis. Malgré les progressions quantitatives enregistrées depuis plus d'une dizaine d'années, l'Algérie reste «loin» du défi de la qualité, se sont accordés à relever plusieurs enseignants universitaires et spécialistes de l'éducation, qui ont réclamé que les résultats doivent être du même niveau que les budgets mobilisés. Certes, le taux de scolarisation a atteint près de 96% pour les 6-15 ans, le taux d'occupation des classes est passé de 40 à 30 élèves par classe entre 2000 et 2012, l'analphabétisme a reculé à 21% en 2012, mais en termes de qualité il reste encore beaucoup à faire. Des dysfonctionnements persistent au niveau de l'articulation du système d'enseignement dans son ensemble et sa cohérence globale avec la société et le monde du travail. Parmi les dysfonctionnements à corriger, indique Khadija Saad, responsable au secrétariat d'Etat, «le délaissement des filières technologiques au profit des filières sciences humaines et sociales». Elle ajoutera que «les diplômés des filières de sciences exactes n'ont représenté en 2010-2011 que 5,9% de l'ensemble des diplômés contre 45% pour les filières lettres». La formation des enseignants : une priorité Pour M. Bellabes, la réforme des programmes engagée par le département de Baba Ahmed doit consacrer un volet à l'introduction des technologies de l'information dans les programmes scolaires et à l'amélioration de l'enseignement des langues étrangères et matières scientifiques. En dépit de la formation des enseignants, qui a accaparé une bonne partie du débat, les spécialistes ont mis l'accent sur les déperditions scolaires, sachant que le taux de réussite au baccalauréat ne dépasse pas les 50%. Au regard de l'importance de l'enseignement primaire, le professeur Abdelkader Fodhil a proposé la création de sous-spécialités en sciences humaines et en sciences techniques pour les enseignants du primaire pour qu'ils puissent assurer leur mission. «Il est impossible à un enseignant du primaire d'enseigner 10-12 matières différentes», a-t-il remarqué, relevant des incohérences en termes de contenus des programmes dont certains dépassent le niveau des élèves qui n'arrivent pas à suivre. Des budgets, selon lui, doivent être consacrés à l'amélioration des contenus, à la méthodologie et à la recherche en éducation. Quant au professeur en sciences de l'éducation à l'université d'Alger 2, Ali Taouinet, il a recommandé au ministère de l'Education nationale de solliciter les spécialistes universitaires, exploiter les travaux de recherche et faire appels aux centres de recherche spécialisés pour améliorer les contenus des programmes. De son côté, Khaled Abdessalem, professeur à l'université de Sétif, l'enseignement doit développer la façon de réfléchir et non d'apprentissage. «75% des étudiants en première année universitaire dans plusieurs filières refont l'année», s'est-il inquiété, recommandant aux pouvoirs publics d'exploiter les travaux de recherche sur le secteur de l'éducation. Le secrétaire d'Etat, Bachir Msitfa a annoncé que son département œuvre pour la réalisation des études sur le secteur de l'éducation et compte proposer des mécanismes à même de hisser l'Algérie au premier rang dans le classement des pays de la région Mena (Afrique du Nord et Moyen-Orient).