C'est la rentrée des classes ! 8,4 millions d'élèves vont rejoindre les bancs de l'école. Certains d'entre eux, quelques dizaines de milliers, arpenteront le chemin dit du savoir pour la première fois. Les parents sont de nouveau mobilisés pour cette rentrée qui s'annonce difficile à tout point de vue. En plus du coût excessif du cartable qui a saigné leurs bourses modestes, de nombreux problèmes en suspens leur font craindre le pire. Un sentiment toutefois légitime pour des parents d'élèves soucieux de la bonne scolarité de leurs enfants. De leur côté, les enseignants, à travers leurs différents syndicats, émettent des réticences et des réserves sur bien des points considérés comme des points noirs du système éducatif. Certes, côté infrastructures, le secteur est doté de nouveaux établissements nécessaires pour absorber la surcharge des classes qui a constitué un lourd handicap durant la précédente année scolaire. Selon les dernières données du ministère de l'Education nationale, 25 640 nouveaux établissements ont été réceptionnés. Ces nouvelles infrastructures tant attendues vont soulager de nombreux établissements scolaires et garantir, sur ce plan, une meilleure rentrée. Dans ces établissements seront affectés 20 850 enseignants diplômés des Ecoles normales supérieures, dont 797 pour le primaire, 732 pour le moyen et 1321 pour le secondaire. Ainsi peut-on dire que le problème de la surcharge des classes se posera avec moins d'acuité que l'année dernière en ce sens que les classes compteront cette fois-ci beaucoup moins d'élèves qu'en 2012. A ce problème se greffe également celui du déficit en enseignants sur lequel le ministre de l'Education nationale, Abdelatif Baba Ahmed, s'est engagé. Plus de 12 000 postes budgétaires ont été dégagés pour tous les corps du secteur et pas seulement enseignant. Cela a fait réagir les organisations syndicales représentant le secteur, lesquelles considèrent que cet effort est insuffisant. Elles craignent notamment un déficit en professeurs de mathématiques et de langues étrangères, surtout dans les régions de l'intérieur du pays qui en souffrent depuis de longues années. Surcharge des programmes Autre point noir qui persiste : la surcharge des programmes scolaires qui a été dénoncée ces dernières années par les élèves eux-mêmes. Trop de matières et des cours volumineux, insaisissables. Le règlement de cette question a été différé. Cela, malgré l'engagement pris par le ministre quelques mois après sa prise de fonctions, en septembre 2012, de «corriger les erreurs» et de procéder à un allègement des programmes. Des consultations ont d'ailleurs été lancées par le ministre au début de l'année. Les différents acteurs du secteur de l'éducation ont apporté leur contribution et fait des propositions. Mais tout a été repoussé à une date ultérieure. Aussi bien les enseignants que les parents d'élèves expriment leur déception. Car il y va de l'avenir de l'école et des écoliers. Cette surcharge des programmes se fait ressentir en fin d'année. Pour faire face au retard incommensurable dans l'exécution de ces programmes, le ministère recourt à chaque fois à des coupes, fixant le seuil des cours concernés par les examens de fin d'année. Ces coupes frontales et presque automatiques ont été dénoncées par des spécialistes qui les qualifient d'antipédagogiques. Car des cours indispensables pour l'accomplissement du cursus scolaire sautent et les élèves sont, de ce fait, privés d'un pan du savoir nécessaire pour la poursuite de leurs études. «Toute coupe de programme doit être effectuée par une commission d'experts, après examen approfondi de l'ensemble du programme. Ces coupes doivent toucher les détails les moins importants», estime un pédagogue spécialiste des programmes scolaires qui a requis l'anonymat. Ainsi, le maintien du programme inchangé risque encore une fois de pénaliser les élèves et de mettre le ministère dans la contrainte de faire l'impasse sur les cours du dernier trimestre. Sur un autre plan, la question du poids du cartable, qui a fait couler beaucoup d'encre, semble avoir eu une réponse d'ordre technique. Le ministère a annoncé des mesures visant à réduire le nombre de pages des cahiers et à mettre à la disposition des élèves des casiers dans l'ensemble des établissements scolaires. Une décision accueillie avec soulagement par les parents, qui espèrent qu'elle soit appliquée et qu'elle contribue à une réduction conséquente du poids insupportable du cartable qui pèse en moyenne 11 kilos. D'autres problèmes techniques semblent avoir été pris en charge, notamment la question de chauffage, de cantines et de transport scolaire. A titre indicatif, le nombre des cantines scolaires atteindra cette année 14 739, qui profiteront à plus de 3 millions d'élèves. Au-delà de la logistique, le ministre, qui avait mis l'accent sur l'engagement de l'Etat à poursuivre la réforme du secteur éducatif et à promouvoir la qualité de l'enseignement à l'école algérienne, promet de «nouvelles réalisations». Il s'est engagé à préparer une école d'avenir, axée sur la qualité de l'enseignement. D'ailleurs, l'année scolaire qui s'ouvre aujourd'hui est placée sous le thème de «La poursuite des actions visant la relance de l'école algérienne».