La charte de la laïcité à l'école, dévoilée par le ministre de l'Education, est jugée stigmatisante par le recteur de la Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman. Vincent Peillon et Dalil Boubekeur ne sont pas arrivés à lever le voile de l'incompréhension. Paris De notre correspondant Pourquoi faire un rappel de la loi de 2004 qui interdit les signes religieux ostentatoires à l'école ? Ou de l'égalité fille-garçon ? 90% des musulmans vont avoir l'impression d'être visés par cette charte, alors que, dans 99% des cas, ils ne posent aucun problème à la laïcité, remarque Dalil Boubakeur, président du Conseil français du culte musulman (CFCM). «J'ai souhaité que cette charte ne soit pas la revanche des uns contre les autres, que ce soit notre bien commun, quelles que soient nos opinions politiques, nos croyances religieuses. Il se fait que M. Boubakeur, en contradiction totale avec l'esprit de la charte et les précautions que nous avons pu prendre, ait lui-même voulu stigmatiser une population. Je le regrette profondément (...) parce que je crois que beaucoup de ceux qu'il prétend représenter là ne se sont pas sentis représentés», se désole le ministre de l'Education. Que dit la charte ? Le ministre a expliqué avoir voulu éviter toute focalisation sur l'Islam. La charte explicite en quinze points les grands principes de la laïcité (liberté de conscience, séparation de la religion et de l'Etat) et sa traduction à l'école. Concrètement, elle rappelle que les personnels ont un devoir de neutralité et que le port de signes religieux ostentatoires est interdit. «Aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme.» Cette disposition est censée mettre fin aux polémiques autour de cours de biologie abordant la reproduction ou la théorie de l'évolution, ou encorel'histoire sur la naissance des religions. Si la plupart des syndicats et associations d'élèves ont salué la charte, les partis politiques sont plutôt divisés et discrets. La Fep-CFDT, qui représente les professeurs du privé, a même demandé que la charte soit affichée jusque dans les établissements confessionnels. Son affichage n'est pour l'heure obligatoire que dans le public, de la maternelle au bac. La Fédération des parents d'élèves (FCPE) a également salué l'initiative, bienvenue «face à la recrudescence des replis communautaires». La charte élude pourtant certains sujets épineux : les menus de la cantine, les jours de fêtes religieuses, l'assiduité aux cours, notamment de sport.