Les droits des travailleurs ne sont pas défendus par les différents syndicats qui, s'ils ne sont pas écartés, font allégeance aux responsables contre des privilèges. Des situations conflictuelles en milieu professionnel prennent de l'ampleur, en l'absence d'une médiation fiable, et dégénèrent souvent en contestation collective voire en dossiers traitables par voie de justice. Des centaines de travailleurs dans les services et le bâtiment ne perçoivent que la moitié du SNMG et n'ont jamais été déclarés au niveau des assurances sociales. Des enfants qui n'ont pas atteint l'âge de quitter l'école, triment dans les carrières et dans le secteur de l'agriculture. Depuis deux années, la direction de l'inspection devient de moins en moins prolixe à ce sujet. Idem pour les accidents de travail mortels signalés à travers les communes de la wilaya. Dans le secteur de la fonction publique, des employés sont quotidiennement traduits devant des conseils de discipline avec des dossiers peu consistants avec en plus des fautes dans les procédures, elles-mêmes passibles de sanctions. B. Abdaoui, un fonctionnaire, père de quatre enfants, est privé depuis quatre mois de son salaire par son employeur. Une audience lui a été accordée par l'inspection de la fonction publique où une doléance faisant état d'une suspension de salaire sans préavis ni dossier disciplinaire, a été déposée. Aucune suite n'a été donnée à cette démarche. «Je n'ai fait l'objet d'aucune mesure disciplinaire pouvant justifier la suspension de mon salaire», a-t-il indiqué tout en menaçant de recourir à une grève de la faim avec ses enfants devant le siège de la wilaya. Des recours adressés à cette même instance après des concours professionnels entachés d'irrégularités ne produisent que rarement les effets escomptés. Voici la déclaration d'une candidate à un concours de Sédrata : «J'ai adressé une correspondance dans laquelle je dénonce la disparition de certains documents de mon dossier lors d'un concours professionnel. Ma lettre est restée sans écho. Des maires interdisent à certains employés l'exercice du droit syndical sous différents prétextes et vont jusqu'à recommander une organisation au lieu d'une autre.» Un employé des collectivités nous confie : « Notre P/APC ne voulait pas du SNAPAP et maintenant il refuse l'UGTA, à vrai dire, il ne veut ni l'un ni l'autre; il traite avec celui qui abdique et troque la sueur de ses collègues contre des privilèges.» Les sections aux ordres d'une tutelle syndicale malveillante et celles qui font carrément dans le chantage, la wilaya de Souk Ahras en compte des dizaines. Les filiales de la SNTF, le secteur de la formation professionnelle, l'OPGI…ont été le théâtre à maintes reprises de tentatives de déstabilisation orchestrées par des milieux étrangers à la corporation. Pour cette rentrée sociale, l'on ne peut que prédire une recrudescence des conflits professionnels tant dans le secteur industriel que dans celui de la fonction publique, les deux étant en panne de négociateurs fiables, hors syndicats fantoches ; et c'est là où le recours aux instances judiciaires spécialisés devient incontournable. Des millions de dinars sont déboursés chaque année par des organismes publics et privés sous forme de dommages et intérêts pour des fonctionnaires et des employés victimes d'arbitraire. Tracasseries administratives, conflits sans épilogue et décisions de justice où le reproche n'est pas à exclure. D'aucuns se demandent, à juste titre, si les structures prévues pour la protection et du travailleur et de l'institution seront un jour en mesure d'accomplir leurs tâches.