Il y a des quartiers qui sont désavantagés ou que les élus ont tout simplement oubliés. El Bardoua en est l'exemple le plus criant. Les enfants de ce quartier, scolarisés à l'école primaire Boumediene El Bachir, école éloignée de leur lieu de résidence de plus de deux kilomètres, parcourent quotidiennement cette distance à pied pour rejoindre leur établissement scolaire. Les collégiens du CEM Zenati Benamar font pratiquement le double de ce trajet. Les parents ont interpellé les élus sur cette situation des plus inquiétantes à maintes reprises mais en vain. Les écoliers d'El Bardoua n'ont jamais bénéficié du ramassage scolaire. Depuis toujours, la rentrée scolaire pour les parents est synonyme de gros ennuis à cause de l'absence du transport scolaire. En fait, ce quartier n'est même pas desservi par une ligne régulière de transport en commun. Du coup, tous les jours, les parents sont obligés de trouver des solutions pour amener leurs enfants jusqu'à l'école. Parfois, ils organisent des trajets en covoiturage mais le plus souvent c'est à pied qu'ils parcourent cette longue distance. A pied, les enfants optent pour un raccourci qui leur fait gagner quelques mètres. Or, ce petit chemin à travers champs est aussi un itinéraire très fréquenté par les sangliers à la recherche de nourritures, ce qui engendre de vrais soucis particulièrement en hiver quand il fait encore noir à 7 heures du matin. Et quand il pleut, ce sont des vacances forcées au grand bonheur de ces bambins qui appréhendent l'école. Et l'on s'interroge sur les causes de l'échec scolaire ? Salim, un jeune d'une quinzaine d'années, qui accompagnait son petit frère, nous racontait : «Quand on était petit, on allait avec les plus grands. On faisait d'énormes efforts pour suivre leur cadence, parfois on leur offrait des sucreries, une pièce de monnaie pour une cigarette, mais avec eux, on se sentait en sécurité. Ils étaient en quelque sorte nos protecteurs. On faisait tout comme eux, on a même appris à fumer...», témoigne amèrement cet exclu de l'école. Il nous révèle aussi que, parfois, il lui arrivait de simuler des maux de tête ou de ventre pour ne pas aller à l'école et surtout ne pas emprunter ce fameux chemin, de peur de tomber nez à nez avec un sanglier. Décidément, le sanglier a traumatisé ces bambins ! Salim a quitté l'école il y a 3 ans. Et des enfants comme Salim, victimes de l'indifférence de ceux chargés de leur assurer le transport scolaire, sont nombreux.