- L'Akfadou a été classé parc national en 1924, mais le législateur algérien n'a pas jugé utile de reprendre ce classement, en 1980, à la création des parcs nationaux. Un commentaire ? La forêt de l'Akfadou a été classée parc national par le colonisateur en même temps que les autres parcs nationaux, et si cela a été fait c'est parce qu'elle présentait des potentialités à l'image de la zénaie d'Akfadou qui est unique en Afrique du Nord. De plus, c'est une forêt qui compte plusieurs lacs, comme le lac Ouroufel, le lac Aslous et Aguelmime Averkane, le Lac noir. Dans les années 1940, plusieurs espèces, comme le sapin de Numidie, le cèdre de l'Atlas, le pin noir, le châtaigner, le houx ou l'aulne glutineux, ont été introduites avec d'excellents résultats. Nous pouvons dire aussi que le projet de réhabilitation du cerf de Berbèrie qui est actuellement mené dans l'Akfadou ne risque pas de déstabiliser les usages que font les populations de cette forêt. Donc, tout plaide pour son classement en tant qu'aire protégée.
- Quel est, à votre avis, le meilleur statut pour la forêt de l'Akfadou ?
Le meilleur statut est celui de parc naturel régional, car ce statut ne comporte pas trop de restrictions et d'interdictions par rapport aux utilisations rationnelles des populations, notamment le pacage des troupeaux en semi-liberté ou l'extraction de bois de chauffage pour l'utiliser. Ce qui par contre risque de porter atteinte, c'est l'exploitation minière de la forêt avec la prolifération des ateliers clandestins qui se développent tout autour du massif. Le zen régénère bien et se défend bien contre le feu. Ce statut de parc naturel régional nous permettra des prélèvements sur chêne zen sans aucune restriction.
- Quelles seront les limites de ce parc et comment fonctionnera-t-il ?
C'est un parc naturel régional chevauchant les wilayas de Béjaïa et Tizi Ouzou, qui englobe une vingtaine de villages, qui touche une dizaine de communes... La nouveauté est qu'il sera géré par une charte qui sera générée par les communes qui doivent se réunir à la base et élaborer une charte commune. Elles vont décider elles-mêmes comment gérer ce parc et mettre tout ça noir sur blanc. Chacun s'interdira d'enfreindre cette charte. C'est une gestion collégiale de l'espace. Toutes les communes seront associées pour élaborer un plan de gestion : limiter les prélèvements de bois, arrêter les nombres de pistes, la gestion quotidienne de cet espace. En 2005 un premier travail avait été entamé en ce sens. Il va falloir tout refaire, reprendre les contacts avec les élus.
- Comment s'y prendre pour arriver à ce classement ?
Le classement de cette forêt est impératif et il va falloir l'attaquer de deux fronts. Le premier est celui qu'on avait engagé, en 2006, lors d'un séminaire international durant lequel on avait proposé le classement de trois dossiers régionaux qui étaient ficelés. Il s'agit de Souk Ahras, les zones humides de Guerbes et celui de la forêt de l'Akfadou. Si ce dossier risque de perdurer, on pourrait s'y prendre autrement et l'attaquer avec le volet faune sauvage de la réserve, puisque le cerf est chez nous depuis 2004 sur les 5436 ha de l'Akfadou-est. Il y a beaucoup d'atteintes du côté de certains villages mais la forêt est bien préservée. La réussite de la réintroduction du cerf de Berbérie encourage l'extension du projet. Nous sommes disposés à mettre à la disposition du projet la totalité de l'Akfadou-est pour qu'elle soit érigée en réserve de faune sauvage pour le cerf de Berbérie.