La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) organise demain, un forum sur «La prévention et la sécurité dans les stades de football en Algérie». Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la contribution de la DGSN à la lutte contre la violence dans les enceintes sportives. Ce problème (la violence dans les stades) est toujours d'actualité, même si en ce début de saison (2013-2014) on ne déplore, heureusement, aucun dépassement. La tragédie du stade du 5 Juillet qui a coûté, il y a une semaine, la vie à deux jeunes supporters décédés dans des circonstances dramatiques lors du derby algérois USMA-MCA (effondrement d'une partie d'une travée) fait partie, malheureusement, de ce chapitre noir qui endeuille encore des familles et dont le seul tort des victimes est qu'elles aiment passionnément le football qui, parfois, entraîne la mort pour divers motifs (bagarres, violences, vétusté des installations, enceintes non conformes...). Une litanie de griefs que le football algérien n'arrive toujours pas à résoudre. Le forum de la DGSN va, sans nul doute, tenter de répertorier toutes les actions entreprises par ce corps depuis quelques années pour sécuriser les enceintes et ceux qui les fréquentent, à savoir les supporters. Les efforts des services de sécurité risquent de s'avérer insuffisants pour endiguer ce phénomène, en l'absence quasi totale des autres partenaires tout aussi concernés que la DGSN par la lutte contre la violence dans les stades. La lutte contre la violence dans les stades ne doit pas être l'apanage uniquement de la DGSN. Les autres acteurs (instances sportives, structures du football, clubs sportifs, associations reconnues sur la place, médias, supporters...) chacun à son niveau doit apporter sa contribution à une démarche salvatrice. La DGSN à elle seule ne parviendra pas à éradiquer le phénomène de la violence dans les stades. Les réponses qu'elle apporte – sécurisation des lieux et alentours de la compétition – doivent s'accompagner d'un engagement total des autres partenaires qui, avouons-le, sont démissionnaires sur toute la ligne. De nouvelles stratégies s'imposent Dans le contexte actuel du football algérien, tout ou presque prête à la violence. La malvie des jeunes, l'absence de perspectives, le chômage, le sentiment d'être des laissés-pour-compte... Tout cela concourt à façonner l'esprit rebelle d'une partie des supporters qui trouvent dans le football, à travers la tribune qu'il offre, l'anonymat que couvre la foule, le prétexte de se «révolter» contre tout ce qui reflète l'ordre. Il est regrettable de dire que toutes les opérations et actions menées justement pour venir à bout de ce fléau ont échoué. La preuve : la violence dans les stades s'est manifestée de façon très régulière tout au long de la saison écoulée. N'est-il pas temps alors de revoir la stratégie adoptée jusqu'ici pour changer de cap et, surtout, impliquer davantage et plus concrètement tous les partenaires concernés par ce sujet ? Des rencontres régulières, avec comptes rendus des actions menées, doivent avoir lieu plusieurs fois par an pour établir un bilan, voir ce qui a fonctionné ou moins, rectifier le tir, anticiper sur les événements à la faveur de la circulation permanente de l'information entre les différents acteurs et ne pas attendre que les événements se produisent pour tenter de réagir. La nouvelle loi sur le sort adoptée par l'assemblée populaire nationale (APN), il y a quelques mois, offre le cadre légal pour lutter contre la violence dans les stades. Néanmoins, elle demeure insuffisante pour relever le grand défi. Les autorités en charge des infrastructures (APC, OPOW...) sont souvent défaillantes en matière de satisfaction des besoins des spectateurs payants qui garnissent les tribunes. Dans les stades algériens, il n'y a la plupart du temps qu'une porte, au mieux deux, d'entrée en tribune. L'espace est parfois si étroit que pas plus d'une personne ne peut passer. Le jour où il y aura foule dans le stade et si tous les supporters se précipitent vers la sortie, pour une raison ou une autre, il y aura un carnage. Les stades dépourvus de nombreuses portes d'accès et d'évacuation ne doivent pas être homologués. Ne parlons pas de l'intérieur et des commodités que les gestionnaires sont censés offrir aux supporters. Des sièges individualisés tel que préconisé par la FIFA, des sanitaires bien entretenus, de l'eau courante, un parking, pourquoi pas, pour les supporters et autres visiteurs, sécurisé et à proximité du stade, la suppression des grilles hideuses plantées pour séparer les joueurs des supporters ... tout ce que la FIFA recommande de gommer afin de ne plus vivre les affres des drames du Heysel (Belgique) et Hillsbrought (Angleterre) ou des supporters de la Juventus, de Liverpool ont laissé la vie. Le débat sur la violence dans les stades en Algérie est un fleuve sans fin. Il requiert, pour son éradication, l'engagement de tous ceux qui gravitent autour du football. Une réponse musclée ne résoudra pas définitivement le phénomène. Les actes doivent être en adéquation avec les discours.