Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Rachid Harraoubia, estime que l'Université algérienne connaît actuellement de « légers déphasages ». « Ceci est dû aux dysfonctionnements accumulés en raison des évolutions qu'a connues le pays dans tous les domaines », a-t-il expliqué, hier, lors de son passage à l'émission radiophonique « Questions de l'heure », diffusée sur les ondes de la Chaîne III. L'université algérienne a connu sa première réforme en 1971. Je pense que celle-ci a atteint ses objectifs selon le contexte de l'époque qui consistait à doter le pays de cadres dans tous les secteurs. Aujourd'hui, nous entrons dans une ère de globalisation, l'université étant donc astreinte à s'ouvrir davantage sur le monde », dit-il, signalant que la « carte » nationale s'enorgueillit d'avoir aujourd'hui 58 établissements pour 841 200 étudiants. Rachid Harraoubia n'omettra pas aussi de rappeler que depuis l'indépendance, l'université a produit pas moins d'un million de diplômés. Une quantité jugée satisfaisante, mais qu'en est-il de la qualité ? Nos universités sont-elles classées en tant que telles par les instances internationales ? Selon le ministre, « le paramètre encadrement évolue sur le plan qualitatif ». « Aujourd'hui, nous n'avons pas honte de dire que nos normes n'ont rien à envier à celles existant en Europe. Nos établissements sont classés suivant les disciplines qui y sont exercées. Les uns s'illustrent dans les mathématiques, les autres dans les sciences physiques, etc. », ajoute-t-il, signalant sa satisfaction à propos d'un travail de recherche portant sur les sciences physiques, « sorti tout droit de l'USTHB ». « Je suis fier d'apprendre que l'auteur de la publication a été classé 1er mondial. Je citerai encore l'exemple de cet autre universitaire de Sétif, auteur d'une publication scientifique et classé 2e au niveau international. Nos universités sont sur la bonne voie. Elles se mettent au diapason », dit-il. Toutefois, le ministre sera interpellé sur les dernières réformes, notamment le système LMD décrié par les spécialistes. Sur ce point, le ministre a usé d'une formule imagée pour tenter de convaincre en estimant qu'« on donne à l'étudiant une chance pour s'affirmer lui-même. On peut faire 2 km, un autre peut en faire 5 et d'autres encore 8 ». S'agissant de « l'état de santé » de l'université algérienne en termes de compétence, Harraoubia s'est fait fort de déclarer que le « produit » algérien se vend bien, en témoigne le nombre sans cesse croissant de nos brillants universitaires enseignant dans les prestigieuses universités occidentales. Bien que ce phénomène soit assimilé à juste titre comme une fuite des cerveaux, le ministre en tire tout de même une fierté de ce que ces « fuites » soient une « preuve de qualité » même si notre ministre avoue donner cet exemple « à contre cœur ». Dans le même ordre d'idées, le ministre tire une fière chandelle à « mes collègues » expatriés qui reviennent régulièrement donner un coup de main en Algérie et à ceux qui ont choisi définitivement le retour au bercail. Aucune question sur l'inadéquation entre la nature de l'enseignement et les profils des enseignants, à l'image de ces sociologues qui professent à l'institut de journalisme, Mohamed Harraoubia, qui est loin d'ignorer cette tare, promet qu'une carte de formation est « en train d'être mise en place à l'échelle nationale ». Interrogé sur le manque d'encadrement à l'université algérienne, le ministre semble plutôt satisfait en sériant une avalanche de chiffres. Il existe d'après lui 27 000 enseignants, dont 5000 de rang magistral, prof et maîtres de conférences, et 22 000 chargés de cours et maîtres assistants. « Nous sommes sur la bonne voie », dit le ministre. Ce faisant, il révélera que 520 bourses sont accordées annuellement aux maîtres assistants (rang magistral) et une centaine de meilleurs gradués (licenciés). Mieux encore, le ministre cite l'opportunité offerte aux professeurs de disposer d'une année sabbatique leur permettant de côtoyer leurs collègues d'ailleurs, histoire de se mettre au diapason.