-Les banques algériennes sont très critiquées pour leur soutien aux importations au détriment des entreprises productrices et exportatrices. Concrètement, quelles sont les entraves bancaires auxquelles ces dernières font face dans le processus d'exportation ? La mission de la Banque d'Algérie consiste à créer et à maintenir dans le domaine de la monnaie et du crédit et des changes les conditions les plus favorables pour relancer le développement économique. Je confirme que des efforts ont été constatés, et ce, par la prise de trois importantes mesures par la Banque d'Algérie, ou plus précisément le conseil de la monnaie et du crédit en direction de la promotion des exportations hors hydrocarbures, à savoir le délai de rapatriement des recettes qui passe de 120 jours à 180 jours, le taux de rapatriement passe désormais de 20 à 40% de la part des recettes d'exportation, ouvrant droit à l'inscription au compte devises de l'exportateur, et la 3e mesure touche au fonctionnement du marché interbancaire des changes, qui autorise les banques à effectuer entre elles des opérations de prêt et d'emprunt en devises librement convertibles sur le marché interbancaire des changes.Pour faire face à la lenteur dans le traitement des dossiers et dans les délais de transfert des recettes, et ceux liés au financement des opérations export, des mesures urgentes et efficaces en matière de financement des entreprises exportatrices doivent voir le jour, comme la création d'une banque spécialisée dans l'export avec un personnel bien formé, la démocratisation de l'accès à des financements export mobilisables et à prix compétitifs et la création d'un fonds de garantie des crédits export. -Les banques publiques sont-elles les seules à être mises à l'index ? Qu'en est-il des banques étrangères ? Les banques publiques doivent trouver un cadre réglementaire et des incitations pour pouvoir jouer un rôle moteur dans le développement de l'économie nationale en général et de l'export en particulier. Au fait, on lui demande de jouer le même rôle qu'elle a eu dans le développement des importations, un business, rappelez-vous, tout nouveau à l'époque de l'ouverture économique. Le banquier doit être sécurisé, protégé et bien formé pour pouvoir justement bien maîtriser les différentes techniques nécessaires dans la gestion d'un dossier export, et répondre au mieux aux besoins stratégiques de notre économie en matière d'export.Pour le second volet de votre question, il est vrai que des critiques sévères ont été à maintes fois émises par les pouvoirs publics et des opérateurs à l'adresse des banques étrangères implantées en Algérie, leur reprochant de ne pas trop s'impliquer dans le financement de l'économie et des investissements.Le plus gros des activités des banques étrangères se limite à l'accompagnement de nos opérateurs dans les projets d'importation.Vous devez savoir que les banques étrangères sont en Algérie pour faire du business et de servir de relais efficace aux entreprises de leurs pays pour pénétrer le marché algérien, je dirais même que c'est de bonne guerre. -Les scandales liés aux banques privées a dissuadé l'Etat de rouvrir ce secteur au privé algérien. Pensez-vous qu'une révision de cette option s'impose ? Vous savez, les scandales ont touché un grand nombre de secteurs et d'activités, pas uniquement les banques privées, alors, si à chaque scandale on s'amusait à suspendre l'activité, on va du coup se retrouver avec peu de secteurs opérationnels, sachant que les banques publiques et certaines banques étrangères ont connu de graves dérives, pourtant elles activent. Non, soyons sérieux, moi je dis plutôt que de prendre des décisions radicales et simplistes, en fermant des établissements bancaires privés, il serait plus judicieux et économiquement rentable au pays d'autoriser et relancer le privé algérien, tout en mettant les instruments efficaces de contrôle et de surveillance, des règles universelles à respecter, sous l'autorité d'une instance monétaire de surveillance de qualité… tout simplement.