Vendredi 27 septembre, à Stockholm, le CIEC (Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat, IPPC en anglais pour Intergovernmental panel on climate change) a remis son 5e rapport très attendu par la communauté internationale : les politiques, les scientifiques et la société civile. Dans le document, qui fait la synthèse de 9200 études scientifiques existantes, les experts aggravent leur diagnostic de 2007. C'est très laborieusement et, au terme d'une négociation-marathon qui s'est achevée au petit matin, que le Groupe a adopté ce qui n'est que le premier volet de son cinquième rapport qui n'est pas le rapport lui-même, qui ne sera publié qu'en janvier, mais son «Résumé à l'intention des décideurs», document d'une vingtaine de pages qui servira de base aux éventuelles actions politiques menées sur le front climatique. Les experts du climat aggravent leur diagnostic. Sur plusieurs points, cette édition, adoptée ligne à ligne par les délégués et les scientifiques de l'ensemble des pays membres du GIEC, apparaît bien plus alarmante que celle publiée en 2007. La faute à l'homme Les experts du climat estiment «extrêmement probable» –c'est-à-dire, avec une probabilité supérieure à 95%– que l'élévation de la température terrestre relevée depuis le milieu du XXe siècle est bel et bien d'origine humaine. Cette probabilité était de 90% dans le précédent rapport de 2007. Les scénarios envisagés selon la quantité des émissions de gaz de serre, du plus modéré au plus émetteur, prévoient une élévation de température comprise entre 0,3°C et 4,8°C pour la période 2081-2100, rapporté à la décennie 1986-2005. Le scénario le plus modéré –et aussi le plus improbable– a une probabilité supérieure à 50% d'éviter de dépasser le seuil de 2°C au-dessus des températures préindustrielles. Les neiges et glaces se rétractent rapidement. La banquise estivale qui a perdu entre 9,4% et 13,6% de sa surface depuis 1979 aura totalement disparu au milieu du siècle, dans le cas du scénario le plus pessimiste. Nouvelles simulations Les glaciers ont perdu 275 milliards de tonnes (Gt) de glaces par an entre 1993 et 2009. Les experts estiment «très probable» que la calotte de glace du Groenland ait perdu en moyenne 315 Gt par an entre 1993 et 2009. L'Antarctique est soumis à une accélération comparable. La perte de glace des deux inlandsis contribue fortement à faire monter les océans. En 2007, le précédent rapport prévoyait une élévation moyenne du niveau de la mer comprise entre 18 et 59 cm d'ici à la fin du siècle. Cette estimation ne tenait pas compte des pertes du Groenland et de l'Antarctique. Les nouvelles simulations de 26 à 82 cm dans la période 2081-2100 rapportée à la décennie 1986-2005 pour le scénario optimiste, l'élévation moyenne du niveau de la mer sera de 98 cm pour la projection la plus forte. Géo-ingénierie Toutefois, nuancent les experts, l'élévation n'est pas uniforme pour toutes les régions du monde. Il est «très probable» que les activités humaines aient contribué aux changements de fréquence et d'intensité des températures extrêmes observé depuis plusieurs décennies. Les vagues de chaleur vont être plus fréquentes et plus intenses. Il y a de fortes probabilités que des régions humides reçoivent plus de pluie et les régions les plus sèches en reçoivent moins. Le rapport parle pour la première fois de la géo-ingénierie. Un terme qui désigne la manipulation du climat comme par exemple la dispersion de particules dans la stratosphère pour réfléchir le rayonnement solaire et faire baisser la témpérature. Les experts ont appelé à examiner tous les risques et les incertitudes liés à ces innovations.