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un quart de siècle de désillusions
5 octobre 1988 - 2013, l'espoir doublement assassiné
Publié dans El Watan le 05 - 10 - 2013

Que signifie encore le 5 Octobre, si ce n'est l'échec, la trahison et le rêve brisé. C'est du moins le sentiment de cette génération d'Algériens ayant accompagné ce tournant de l'histoire qui n'a profité, à ce jour, qu'aux partisans de l'ultralibéralisme prédateur au sein du pouvoir.
La plaie demeure ouverte et ce 25e anniversaire coïncide avec moment où le pouvoir, au péril de la nation, s'apprête à allonger sa durée de vie. Ce même pouvoir qui était aux commandes en 1988 et que les Algériens ont tenté de chasser. Sans succès.
Jamais l'Algérie n'a pu s'engager dans un processus démocratique depuis la révolte des jeunes. Une révolte à défaut d'une révolution, l'élite n'ayant pu transformer la colère populaire en revendications politiques de rupture et mener la révolution jusqu'au bout.
Dans une tribune publiée en 2011 sous le titre «Octobre 1988, ‘‘un printemps algérien''», le journaliste Akram Belkaïd jugeait : «Il faut tout de même reconnaître qu'Octobre a un goût d'inachevé. […] Certes, il y a eu comme acquis le multipartisme et la liberté de la presse, mais peut-on parler de nouvelle donne quand le dictateur de la veille se transforme soudain en réformateur ? Mais la société algérienne n'a pas voulu aller plus loin dans la contestation. Les classes moyennes, apeurées par tant de violence, ont cru naïvement que le système, soudainement vertueux, allait leur accorder plus de libertés et de démocratie. […] Quelle erreur ! Le ‘‘printemps algérien'' était condamné alors qu'il avait à peine commencé».
L'espoir assassiné
Il faut dire que le contexte interne et externe était diffèrent de celui qui a généré le Printemps arabe en 2011. Il faut dire aussi que les islamistes étaient déjà là, prêts à détourner le fleuve de la démocratie et hypothéquer l'avenir du pays.
A l'époque, le pouvoir mené par Chadli Bendjedid n'avait pas eu besoin de recourir à la contre-révolution pour avorter la marche des jeunes émeutiers. Il a fallu juste prononcer un discours, faire des promesses et élaborer une nouvelle Constitution pour déjouer la volonté populaire.
«Ces quelques journées vécues dans l'enthousiasme des jeunes, la colère et les espoirs de toutes les générations, ont ébranlé le régime autoritaire sur le moment et durant quelques mois. Mais la grande vague de fond n'a pu transformer la nature et les logiques hégémonistes du système. L'édifice oligarchique, bâti sur une combinaison de pratiques super étatistes et d'appétits libéraux de plus en plus sauvages, a été replâtré et repeint aux couleurs d'un pluralisme sans démocratie», écrivait, en 2008, l'ancien secrétaire général du PAGS, Sadek Hadjeres.
Peu à peu, l'amertume remplace l'exaltation. La naïveté de la classe politique naissante et des médias fraîchement libérés arrangea les forces réactionnaires tapies dans l'ombre. L'assassinat de Boudiaf et l'explosion de la violence islamiste fermeront la parenthèse. Une parenthèse que les Algériens avaient cru se rouvrir en élisant Zeroual, mais de nouveau, l'élan est brisé avec la démission forcée de ce dernier. L'intronisation de Bouteflika, candidat du pouvoir et non du peuple, inaugure une ère nouvelle, celle de l'absolutisme, celle de la compromission avec l'islamisme et de la prévarication.
Génération désenchantée
25 ans après, en dépit des sacrifices et d'un lourd tribut payé par les enfants de l'Algérie, que peut-on inscrire au chapitre des réussites ? Rien, si ce n'est la victoire du peuple face aux hordes terroristes qui ont mis les moyens pour pacifier l'Algérie par le génocide.
Une victoire transformée par le président Abdelaziz Bouteflika en capitulation à travers les lois scélérates de la concorde civile et la réconciliation nationale. Le terrorisme est vaincu, mais pas sa matrice idéologique, l'islamisme. Comme si ce mal ne suffisait pas pour contraindre et humilier l'Algérien, on inventa la corruption à échelle industrielle. En 2012, l'indice de perception de corruption de l'ONG Transparency International classe l'Algérie 105e sur 176 pays. L'impunité devient un levier de gouvernance. Les valeureux fils du pays, ceux qui ont résisté au terrorisme, s'exilent. Le pays est vidé de sa sève.
Les prix du pétrole augmentent, les clans au pouvoir s'accrochent plus que jamais à la rente, adoubés par les puissances ultralibérales. La démocratie n'avance pas. Pire, les acquis d'Octobre sont remis en cause. Le multipartisme instauré par la Constitution de 1989 est resté un simple élément de décor, s'indigne Me Boudjemaâ Ghechir.
Hypocrisie
Sournoisement, le pouvoir revient à brider les libertés collectives et individuelles : la loi sur les partis est révisée en faveur du censeur comme celle sur les associations ; l'acte journalistique est puni par le code pénal. Les Assemblées élues, piliers du système démocratiques, sont vidées de leur sens par des partis-Etat (Le FLN et le RND et une opposition factice) qui biaisent la fonction d'antipouvoir avec des majorités obtenues grâce à des élections truquées. En Kabylie, le pouvoir assassine des centaines de jeunes qui n'ont que demander à s'émanciper dans leur identité. Fatigués, désenchantés, les Algériens acceptent la paix des braves et cèdent à l'esprit rentier. L'école de Benbouzid fera le reste.
En 2011, nos voisins tunisiens et égyptiens réussirent à renverser leurs dictateurs par des révolutions qui rivalisèrent de beauté. Les deux peuples débordaient de fierté sur toute la planète qui a suivi avec admiration ces moments de gloire des peuples. A Alger, le pouvoir inquiet d'une probable épidémie révolutionnaire, ouvre les vannes de la rente et envoie ses lieutenant discourir pour convaincre les Algériens que le Printemps est inutile ayant déjà eu lieu en 1988 et que l'Algérie est en avance sur le reste du monde arabe. Mensonge grossier de la part de ce même pouvoir qui considérait Octobre comme un non-événement, au mieux comme un «chahut de gamins». L'hypocrisie du pouvoir réhabilite pour un moment la mémoire d'Octobre et reconnaît l'événement comme fondateur de la démocratie chez nous.
Les relais de la propagande officielle tentent aussi, avec un succès relatif, de discréditer les révolutions tunisienne et égyptienne mises dans le même sac des tentatives avortées en Libye et en Syrie. Une fois passé le nuage, le pouvoir est revenu à sa préoccupation majeure : son maintien. Bouteflika boucle 14 ans de règne, un score brejnévien, et s'assure un mandat à vie, à contre-courant de l'histoire. Les martyrs d'Octobre n'en finissent pas de se retourner dans leurs tombes.
Cette époque connaît aussi la disparition d'une génération d'opposants : Hachemi Cherif est mort, Salah Boubnider aussi, Saïd Sadi et Rédha Malek se retirent, idem pour Aït Ahmed. Les forces démocratiques sont laminées et la relève n'est pas assurée, du moins aux yeux des Algériens, en rupture avec une classe politique en mal d'idées. Le pouvoir remporte la bataille contre ses détracteurs en déstabilisant les partis par le redressement, la manipulation et la corruption.
Pays riche, peuple pauvre
25 ans après, l'économie est toujours faible, totalement dépendante des hydrocarbures. Les élections ne sont ni libres ni indépendantes. L'école est débilitante, la santé est avilissante, les droits de l'homme sont broyés. L'inféodation de la société civile, l'absence de transparence dans la gouvernance, le non-respect de la Loi, la panne de l'appareil judiciaire, le manque d'efficience et la corruption caractérisent donc la gouvernance en Algérie, affirme la Ligue algérienne des droits de l'homme (LADH) dans son rapport 2012 sur la gouvernance en Algérie.
Face au spectacle de la prévarication massive, la démobilisation est totale. Dépossédé de la capacité de rêver, abattu par un sentiment de castration, l'Algérien ne croit plus en rien. Le suicide devient une option largement partagée. La harga aussi. Tout ça pour ça ! «Pour certains le 5 Octobre a été une vague, mais une fois que la marée s'est retirée, il n'est resté que des pierres», écrivait Me Ali Yahia Abdennour. Avec son optimisme légendaire, le grand militant de la démocratie et des droits de l'homme rappelait aussi que «lorsque des jeunes manifestent pour retrouver le chemin de la dignité et de la liberté, luttent pour sortir le pays de l'arbitraire, de l'injustice et de la corruption, c'est que rien n'est perdu et que l'espoir est permis ; tout pouvoir a besoin d'être contesté ; il ne peut être que contesté de l'extérieur et non transformé de l'intérieur». (1) L'Algérien a-t-il encore les ressorts pour devenir maître de son destin ? L'histoire nous le dira.
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(1) Le 5 Octobre : Ce que j'en sais, publié in Lematindz du 4 octobre 2008


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