Une odeur écœurante emplissait cette matinée la cour du foyer pour personnes âgées et handicapées, situé pourtant à la lisière de la forêt Erriche. À notre question de savoir d'où vient cette atroce puanteur, les deux gardiens nous répondent que ce sont les poubelles qui se sont renversées devant l'entrée au moment de les vider dans le camion destiné au ramassage des ordures. Et pour tout dire, ils indiquent l'endroit où sont tombées les ordures, encore mouillé d'eau jetée pour le laver. Comme nous demandions un entretien avec la directrice du foyer, nos deux interlocuteurs nous informent qu'elle n'est pas encore arrivée. A midi, la même réponse est formulée. Nous aurions aimé avoir sa version des faits sur ce qui s'est produit mercredi soir. Des faits du reste attestés autant par le pensionnaire concerné au premier chef que par plusieurs autres sources dignes de foi. Ce jour-là, ce pensionnaire, qui affirme avoir eu le consentement du cuisinier, se présente pour lui demander de lui faire cuire un morceau de viande acheté en ville avec son propre argent. Entre parenthèses : la vingtaine de pensionnaires n'en a pas mangé depuis un mois, selon cette source. Le cuisinier se ravise et le fait savoir au pensionnaire qui s'indigne. Le morceau de viande allait pourrir et être jeté s'il n'était pas cuit. La dispute entre les deux hommes finit par attirer le chauffeur de la directrice qui entre dans la cuisine et tente de calmer la situation, en vain. Pis, « il a jeté de l'huile sur le feu », selon les termes d'une de nos sources. Son caractère arrogant et autoritaire est mal accepté par le pensionnaire. Ils en viennent aux mains. Le chauffeur bousculé tombe. Rien de grave, selon nos sources qui s'étonnent de voir le chauffeur le lendemain arborer un bras dans le plâtre. La directrice veut sévir en interdisant le lendemain l'accès du foyer au pensionnaire, avant de changer d'avis. Arrivée en matinée avec son époux, elle est même disposée à écouter le pensionnaire. Mais auparavant, l'époux, qui a assisté à la scène lorsque le pensionnaire qui a formulé poliment sa demande d'audience à la directrice, le menace de l'égorger (termes rapportés par une de nos sources) s'il manquait de respect à sa femme. Si l'affaire est portée devant la justice, l'image du foyer risque d'être ternie. En plus de la maigreur de l'ordinaire (chorba et nouilles, affirme ce pensionnaire), il y a l'absence de douches et, surtout, plus pénible à notre avis pour des personnes âgées, l'isolement du foyer, situé à la lisière de la forêt.Nos sources s'accordent en tout cas à dénoncer le mauvais fonctionnement du foyer qui se répercute directement sur la prise en charge des pensionnaires.