Le jeune Amir Cheriti vient de publier aux éditions Z-Link, son deuxième album, Loundja. Son premier, Roda, a eu un certain succès d'estime parmi les jeunes amateurs du manga -Loundja nous rappelle la fille du ghoul, l'ogre. Mais, ce n'est visiblement pas l'histoire racontée par cette bande dessinée... Loundja est publié à la faveur du 6e Fibda. Je suis scénariste de cette bande. Yasmine Boubakir (auteure de Une geisha, un destin, ndlr) a réalisé les dessins. Une fille talentueuse. C'est l'histoire de Loundja, une adolescente algérienne de 17 ans qui souffre, on va dire, d'une pathologie qui n'existe pas dans le monde réel. C'est pour cela qu'on fait de la BD ! Loundja souffre donc d'émotion inversée, elle pleure quand elle est heureuse, rit quand elle est triste. Loundja voudrait devenir normale. C'est une manière d'aborder les problèmes de la vie quotidienne d'une fille en Algérie -Loundja est donc un shôjo manga, destiné aux filles... Oui, à la base cette BD est destiné aux filles. On le constate dès la couverture du livre. Le personnage féminin domine. Mais, j'ai eu à discuter avec des lecteurs masculins qui ont aimé l'histoire. Donc, on peut dire que ce n'est pas exclusivement réservé aux filles. -Roda est votre première BD long format publiée. Racontez-nous un peu l'histoire de cette première publication... Roda est mon premier album manga, sorti en 2013. C'est un manga «viril» comparé à Loundja. L'histoire, qui se déroule dans les années 1990, est celle d'une bande de jeunes pauvres vivant dans un bidonville. Un jour, ils font la rencontre de Roda, un personnage égocentrique de par son look. Il porte des lunettes qui ressemblent à celles d'un soudeur avec un tee-shirt sur lequel est inscrit la lettre R. C'est donc une sorte de super héros. Au fil du temps, les jeunes tenteront de découvrir la personnalité de ce garçon… -Et comment Amir est-il venu à l'univers de la BD ? Autant que je m'en souvienne, j'ai toujours fait de la BD. J'ai 33 ans. Je fais donc partie de la génération qui a lu Pif et les comics américains des années 1990. J'ai imité les dessins que je voyais sur les albums ou à la télé… Je regardais Captain Majed, Tom Sawyer, Les tortues Ninja, les dessins animés japonais. Sur le plan professionnel, j'ai commencé en 2008 avec la publication du premier magazine algérien Labstor. Un magazine qui encourage beaucoup les jeunes Algériens à faire de la BD, à publier leurs planches. -Vous avez choisi de faire du manga. Pourquoi ? C'est une question d'adaptation par rapport au marché algérien, aux goûts des lecteurs, à l'éditeur. Z-Link semble être l'éditeur qui convient le mieux aux jeunes auteurs algériens de manga. Je n'ai reçu aucune formation. Je suis autodidacte. J'ai appris grâce aux outils que j'ai trouvés sur Internet. J'ai pu me documenter sur l'écriture, sur le dessin. Il suffit d'être curieux et faire preuve de discipline. Actuellement, en Algérie, vous trouvez des BD de qualité variable. L'Algérie n'est pas un pays où les auteurs de BD vivent de leur travail. La plupart sont des autodidactes. Cela dit, la qualité et la production augmentent au fil des ans. Cette évolution est positive.