Avec l'arrivée de l'Aïd El Adha, revient le spectre de la flambée des prix des fruits et légumes, mais aussi celui de la perturbation de l'approvisionnement en produits de base particulièrement le pain et le lait. Si les responsables du secteur avancent avoir tout préparé pour assurer la disponibilité des denrées alimentaires, les consommateurs, comme c'est le cas en de telles occasions, appréhendent le manque de produits nécessaires sur le marché. Place donc au ravitaillement en grandes quantités en ces jours qui précèdent la fête. N'ayant pas confiance aux commerçants récalcitrants à l'application de la loi, et ne croyant plus aux promesses des pouvoirs publics, les consommateurs ne trouvent pas mieux en de telles circonstances que de se rabattre sur le stockage comme au temps des grandes pénuries durant les années 1980, et pour cause, ils sont nombreux les commerçants à ne pas respecter le calendrier arrêté pour les permanences et les astreintes. Cette question a d'ailleurs fait couler beaucoup d'encore durant l'Aïd El Fitr, qui a coïncidé cette année avec la période des congés annuels, ce qui a amplifié la tension sur le pain et le lait notamment. Le scénario risque en tout cas d'être réédité cette semaine, et ce, d'autant que les deux jours de l'Aïd seront suivis par le week-ends. Même si le ministre du Commerce rassure avoir pris toutes les dispositions pour ne pas pénaliser les consommateurs, comme il le fait à chaque fois, il est fort probable que les pénuries viennent gâcher la joie de l'Aïd connaissant les conditions dans lesquelles sont appliquées les textes de lois. Théoriquement, et selon Mustapha Benbada, le nombre des commerçants qui seront mobilisés pour assurer la continuité des activités commerciales durant l'Aïd El Adha, sera revu à la hausse de 11% par rapport à la précédente fête religieuse durant laquelle plus de 13 600 commerçants ont été appelés à rester ouverts. Cependant, ils n'ont pas été au rendez-vous. Les chiffres dressés la semaine dernière par Benbada concernant le respect de ce calendrier élaboré au niveau local et approuvé par les walis, (avant d'être notifié aux commerçants) contrastent un peu avec la réalité du terrain. A en croire Benbada, en août dernier, plus de 13 600 commerçants ont été mobilisés pour assurer la permanence en majorité des boulangers des commerces de détail des produits alimentaires, de fruits et légumes. Sur ce nombre, 92% ont appliqué la loi. Or, les consommateurs avaient du mal à s'approvisionner en denrées alimentaires. La «pénurie» s'est même prolongée pendant des jours. Justement, qu'a fait le département de Benbada pour éviter que la perturbation ne se reproduise ? «Nous avons verbalisé tous les commerçants qui n'ont pas respecté le calendrier», nous dira à ce sujet un responsable de la direction du commerce de la région Centre. Le ministre donnera des détails concernant les mensures prises. «Sur les 1143 commerçants astreints au programme de permanence et qui n'ont pas ouvert leurs commerces, 351 ont été sanctionnés par les autorités concernées en procédant à la fermeture administrative de leurs locaux commerciaux», a-t-il noté, début octobre, en marge d'une rencontre avec les cadres du secteur. Il reste à savoir si ces commerçants retiendront la leçon cette fois-ci. En tous cas, le texte de loi amendant et complétant la loi 04-08 du 14 août 2004 fixant les conditions d'exercice des activités commerciales adopté cette année par les deux chambres du Parlement sera encore une fois à l'épreuve du terrain.