La Coordination patronale algérienne (CPA), un conglomérat d'organisations patronales fraîchement créé, semble partagée entre satisfaction et appréhension au lendemain de sa participation à la 15e tripartie. En direction du gouvernement, les membres de la CPA, présidée par Abdelwahab Rahim, préfèrent lui accorder le bénéficie de la confiance. «Le gouvernement a consenti beaucoup d'efforts dans le sens de la réhabilitation de l'entreprise nationale», a souligné, hier, Ali Slimani, président de l'Union nationale des entrepreneurs publics, lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel Hilton à Alger, en présence des membres de la CPA. Son collègue de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohamed Naït Abdelaziz, voit même dans «la parole» du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, un gage de «garantie» à même de réunir les conditions d'un redéploiement de la PME privée : «Le discours du Premier ministre va dans le sens de l'intérêt de l'entreprise et du citoyen.» Même son de cloche auprès de Abdelaziz M'henni, président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) qui qualifie les résultats de la dernière tripartie de «saut qualitatif» dans la relation patronat-gouvernement. Idem pour Abdelwahab Rahim de l'Union nationale des investisseurs qui dit partager la vision économique et sociale de Abdelmalek Sellal. Mais derrière cette confiance se profile l'appréhension. Et les membres de la CPA ne manquent pas de le faire savoir, d'autant qu'ils ont travaillé plus de deux mois pour soumettre aux autorités de nombreuses propositions. «Le problème qui se pose est l'application des décisions. Ce n'est pas demain la veille !», dit le patron de la CNPA, en rappelant la non-concrétisation des recommandations issues de la tripartite de 2011. Au chapitre de propositions, la liste est longue. Boualem M'rakech, patron de la Confédération algérienne du patronat (CAP), pense qu'il serait salutaire de mettre sur pied un mécanisme à même de «recycler une grande partie des sommes versées pour certaines importations inutiles» au bénéfice des entreprises. «Ce sera notre prochain cheval de bataille» promet-il. Ali Slimani réclame, quant à lui, une «reconfiguration du statut des entreprises publiques, plus d'autonomie et l'application effective de la dépénalisation de l'acte de gestion». Un groupe de travail a été d'ailleurs installé afin de se pencher sur cette problématique. Dans sa déclaration commune faite le jour de la tenue de la réunion de la tripartite, la nouvelle organisation patronale avait relevé, entre autres, «la nécessité d'affirmer le rôle de l'entreprise algérienne dans le développement économique», «l'exigence de promotion et de protection de l'outil de la production nationale» et «la mise en œuvre d'une politique industrielle cohérente en faveur de la croissance et du développement».