Un ton velléitaire, des professions de foi et des promesses à la pelle. Mohamed El Ghazi, le titulaire du tout nouveau ministère de la Réforme du service public (placé auprès du Premier ministère) veut mener une «guerre contre la bureaucratie», ce «mal – paraphrase-t-il le président Bouteflika – qui est encore plus ravageur que le terrorisme». «C'est une urgence gouvernementale. Qu'on me prenne au mot et qu'on me juge sur pièce le moment venu», lance l'ex-wali de Annaba pour qui il ne s'agit «nullement d'une campagne conjoncturelle» ni d'un quelconque artifice pour «acheter la paix sociale» mais bien la manifestation d'une volonté réelle de «rupture» afin de réhabiliter les services publics et dégraisser le colosse de l'administration. Invité hier du forum d'El Moudjahid, El Ghazi a annoncé une batterie de «mesures urgentes» qui seront effectives à partir du 30 novembre prochain et dont les objectifs tendent à alléger les procédures administratives, améliorer le rendement et la qualité des structures. Par «mesures urgentes» il est question entre autres de la création d'un poste de «facilitateur» de démarches au niveau de l'état civil ; d'un «toilettage» des documents exigés par les administrations ; de la réorganisation et du réajustement de ces mêmes services d'état civil avec notamment l'instauration d'un service de permanence (jusqu'à 19h dans les grandes villes) et un redéploiement efficient des effectifs. Une attention particulière sera accordée, selon lui, à la réorganisation des guichets dont certains ressemblent – de son aveu même – à des «cagibis où le préposé officiant, mal rasé, accueille avec dédain le citoyen». Réhabiliter la mission du préposé au guichet, vitrine de l'administration, figurerait dans les priorités du ministre. «La fonction de préposé au guichet ne doit plus être dévolue à des fonctionnaires sujets à des mesures disciplinaires.» Le ministre promet la tolérance zéro pour les officiers d'état civil responsables de manquements à la bonne marche du service. Un régime de «sanction positive et négative» sera, «conformément aux directives du Premier ministre», mis en œuvre pour éviter tous types de dérives dont la prolifération du trafic de documents administratifs, œuvre d'agents indélicats et véreux. Le ministre annoncera en outre la mise en place future, «avec le concours de la société civile» d'une «charte du service public» qui définira la nomenclature des droits et devoirs de chacun et qui sera opposable à l'administration. Le projet de création d'un «observatoire du service public» est également sur les tablettes d'El Ghazi. «Des commissions locales (wilaya) sont en cours d'installation, placées sous l'autorité des walis et des inspecteurs-contrôleurs sillonneront les 48 wilayas à l'effet de l'évaluation du fonctionnement des services publics», promet-il. «Je suis en train de monter ce ministère à partir de rien (…)», déclare le ministre. «Son» ministère ne sera pas une administration-bis pour autant. «Nous sommes des facilitateurs, des accompagnateurs», tient-il à préciser. «J.-P. Raffarin (Monsieur Algérie de l'Etat français), que j'ai croisé au Palais du gouvernement, m'a conseillé de ne surtout pas suivre l'exemple français (centralisation à outrance, ndlr). Car nous sommes le contre-exemple, m'a-t-il dit.» N'empêche, le ministre se dit «personnellement» contre une nouvelle réorganisation territoriale et un nouveau découpage administratif en raison de la «facture salée pour le Trésor public».