La reine des Ziban a tenu, avant hier, à honorer comme il se doit Hamma Assami, le grand armurier de la révolution algérienne, « de son vivant avant qu'il ne rejoigne le très-haut », a confié à El Watan un élu de l'APC. Pour ce faire, les organisateurs, dont l'initiative a été vivement applaudie par tout le monde, ont cependant fait le mauvais choix du lieu - très exigu - et de l'heure - très chaude - de cette journée caniculaire. Dès 16 h, en effet, la salle des conférences de la maison de la culture se transforma vite en étuve, tant l'affluence inespérée des participants était telle qu'au bout d'un quart d'heure, il n'y avait plus une seule place ou un espace disponible, alors que le public continue d'affluer, pour voir et entendre les invités de marque et autres compagnons du chef historique du PPA pour la région Ziban-Aurès. Les militants de la première heure, à l'instar de Ahmed Mahsas, Brahim Chergui, Elhachemi Trodi, Ammar Khobini, Abdelkrim Hassani et bien d'autres ont tous répondu à l'invitation sauf... Abdelhamid Mehri qui a préféré se rendre à Paris, pour passer le soir même, sur un plateau d'une chaîne satellitaire arabe, sachant pertinemment que, s'il était venu à Biskra, l'Unique ne l'aurait passé qu'en... figurant muet et, qui plus est, en arrière plan. En ce qui concerne l'itinéraire de L'Algérien tailleur Assami - comme le proclamait ostentatoirement l'enseigne de l'atelier de haute couture masculine que lui louait la vénérable et plantureuse Aïcha Tchicha, en plein centre-ville, face à la terrasse du bar de l'Etoile où venaient s'attabler une majorité d'habitués de pieds-noirs, des Français de souche, quelques Français musulmans et rarement les Indigènes - il était exemplaire à plus d'un titre. Au début des années 1950, l'infatigable militant du PPA, et non moins tailleur de renommée nationale, recevait dans l'arrière-boutique de son atelier, sous le fallacieux prétexte de prendre leur mesures, en vue de leur coudre une saharienne, un veston, ou un costume trois pièces, presque toutes les personnalités et figures historiques du mouvement national ; Ferhat Abbas y croisait Mohammed Boudiaf et Krim Belkacem y donnait rendez-vous à Ben Boulaïd. La fine fleur des jeunes Biskris, à l'instar de Larbi Ben M'hidi, Trodi et Khobini, y côtoyait des militants aguerris comme Maurice Laban, Mohammed Khider, Youcef Lamoudi, Mahboub et Salah Mebarek dit Okba Datte qui faisait la navette entre Alger où résidait Mohamed Belouizdad et Assami à Biskra. C'est lui qui fit venir clandestinement Mahsas à Biskra avec d'importantes sommes d'argent que Belouizdad a ordonné de remettre à Assami. Muni de ces sommes, Assami se rendait à plusieurs reprises, et incognito à Oued Souf, à l'époque plaque tournante du marché noir et surtout de la contrebande d'armes et de munitions en tous genres. Il s'entendait avec chaque marchand sur le nombre de fusils de chasse à percussion centrale dit « centra » sur les PM Sten et autres Thomson calibre 11,43 et surtout les carabines Statti dont raffolent les premiers maquisards. C'est un autre militant qui était chargé le jour venu de la réception de la marchandise ; ensuite un troisième homme de confiance de Assami acheminera les armes vers les Aurès à destination de Benboulaïd ou vers le Nord Constantinois puis vers la Petite et Grande Kabylie où les attendent Krim Belkacem, Ouamrane et les autres membres de l'OS, bras armé du PPA. Dans leurs divers exposés, les historiens et les intervenants ont tous souligné le rôle majeur joué par Hamma Assami dans la préparation et le déclenchement de l'insurrection armée. C'est Assami, grand meneur d'hommes, qui entre autres, choisit parmi les jeunes militants du PPA de Biskra, Larbi Ben M'hidi et Mostefa Benboulaïd pour représenter respectivement les Ziban et les Aurès à la réunion des 22 chargés de déclencher la révolution le jour J, sous la houlette de Mohammed Boudiaf.