L'arbitre fédéral, Khaled Saâdi, tire sa révérence…et tire aussi sur le président de la commission fédérale des arbitres (CFA), Belaïd Lacarne, dans une lettre adressée à l'intéressé et aux arbitres. Le ton est dur, à hauteur de la déception qu'il ressent après plus de 28 années de service dans l'arbitrage. Connu pour son franc-parler et ses prises de position tranchées sur les questions d'arbitrage, Khaled Saâdi a craché ses vérités sur le mode de gestion de l'arbitrage algérien et celui qui le dirige. C'est la première fois qu'un arbitre parle publiquement, à travers une lettre, de «mafia bien organisée et qui parle le même langage que celle qui gouverne l'arbitrage algérien», de «milice», de «fameuses marionnettes d'évaluateurs», de «clan» et accuse Belaïd Lacarne d'être «un régionaliste»,…des termes très durs. A la lecture de cette lettre, un arbitre en activité a murmuré : «Saâdi a dit tout haut ce que beaucoup pensent tout bas.» Son réquisitoire contre le patron de la CFA et les pratiques qu'il a énumérées n'ajoutent rien à la gloire de la structure et des hommes qui ont en charge le volet arbitrage. La politique de deux poids, deux mesures, est montrée du doigt par celui qui a décidé de son propre chef de ranger son sifflet. Dans sa lettre testament, il stigmatise le «règlement élastique à la tête du client», parle de «sale boulot qui consiste à promouvoir des arbitres proches du clan», de «machines guidées et manipulées, d'affinités…». Khaled Saâdi est revenu sur sa suspension d'un mois et sa mise à l'écart de la Ligue 1, «suite à un rapport de l'évaluateur, démenti par les images de la télévision. Depuis ce rapport vous avez effacé Saâdi de la division une. Pendant ce temps-là, des arbitres suspendus pour fautes graves, qui ont faussé des résultats de matches ont normalement retrouvé leur place». Il n'a pas manqué aussi de s'étaler sur l'épisode de la pétition des arbitres en faveur de Belaïd Lacarne, lors du stage à Tiaret : «Pendant ce séminaire de Tiaret, j'étais cloué au lit durant 3 jours par une forte grippe et le président de la CFA ne s'est même pas inquiété. Il était occupé par la pétition que des arbitres étaient en train de signer pour qu'il demeure à la tête de la CFA. Quelque temps après, un arbitre de Relizane est tombé malade et c'est toute la CFA, le président en tête, qui n'ont pas quitté sa chambre… Sans parler de la dernière instruction qu'il a donnée au secrétaire de la CFA pour me signifier de remettre les oreillettes. Quelques jours plus tôt, j'avais déposé un certificat médical. Au lieu de s'enquérir de ma santé, Belaïd Lacarne n'a pensé qu'à ses oreillettes… Cette mafia de l'arbitrage m'a poussé vers la sortie…Je ne suis pas un corrompu et c'est ma plus grande satisfaction. Je ne serai pas radié pour une affaire de corruption.» Ce passage est lourd de sens et nul doute qu'il sera bien saisi par tous ceux qu'il vise. C'est la seconde fois, après Mohamed Benarous, ex-arbitre assistant international, qu'un referee en activité dénonce ce qui se passe dans l'arbitrage. Est-ce le début d'un déballage ?