Elles sont au bord de la déprime et ne savent plus à quel saint se vouer. Les familles des cinq grévistes de la faim depuis le 11 mai à la prison d'El Harrach lancent des cris de détresse à l'endroit des plus hautes autorités du pays. Devant la sourde oreille observée par les responsables du ministère de la Justice quant aux revendications des grévistes, en détention provisoire depuis 15 mois dans le cadre de l'affaire Khalifa, leurs familles en appellent au premier magistrat du pays afin qu'il intervienne pour mettre fin à « l'injustice » qu'ils subissent. Ces grévistes, ex-cadres du défunt groupe Khalifa, demandent aux autorités judiciaires de programmer « rapidement » leur procès qui a fait l'objet de plusieurs reports. Selon leurs proches, ils sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur action. Car, convaincus de leur « innocence », ces grévistes ne veulent plus rester en prison pour « payer » à la place des « véritables responsables qui jouissent pleinement de leur liberté, qu'ils soient en Algérie ou à l'étranger ». Leur message est clair : ils refusent de servir de boucs émissaires, alors qu'il y a au moins 400 personnes mises en cause pour les mêmes faits, mais qui, par contre, ont bénéficié de la liberté provisoire. « Ils en ont marre de cette politique de deux poids, deux mesures », souligne un de leurs proches. Depuis le déclenchement de la grève, aucune visite des proches des grévistes n'a été autorisée. Les tentatives d'avoir des explications auprès de la direction de la prison se sont avérées toutes vaines. Les familles disent que le premier responsable a refusé de les recevoir. Selon des échos, l'un des grévistes a été évacué la nuit de mercredi à jeudi vers le CHU Mustapha avant qu'il ne soit reconduit dans sa cellule. Celui-ci souffre d'hypertension. Mais les autres grévistes ne se portent pas mieux, surtout que l'un d'entre eux souffre, lui aussi, du diabète. Leur état de santé se détériore de jour en jour, apprend-on auprès de l'un de leurs avocats. Hantées par la fin triste du « sixième détenu » dans cette affaire, en l'occurrence l'ex-directeur général d'El Khalika Bank, décédé en mars dernier suite à une infection pulmonaire en prison, les familles expriment leur « extrême inquiétude » quant au sort de leurs proches. « Nous ne savons pas comment ils se portent. Est-ce qu'ils bénéficient d'un suivi médical quotidien ? Tout ce que nous savons, c'est qu'ils sont isolés des autres détenus », tonne un membre de ces familles, l'air désabusé.