Les grévistes ont été transférés de leur cellule vers un lieu d'isolement après que les gardiens aient trouvé deux téléphones portables. « Au début, quatre détenus ont été soupçonnés puis mis en isolement. Deux ont fini par rejoindre leur cellule alors que les autres continuent à subir la sanction. Mardi dernier, ils ont été privés de la visite des proches, puisque nous n'avons pu les voir. Les responsables de l'administration pénitentiaire nous ont demandé de revenir le 15 mai prochain », ont déclaré les familles des détenus. Ces derniers, ont-elles ajouté, sont à la fin de leur peine. L'un d'eux devrait quitter la prison le 11 juin prochain, et l'autre au début du mois d'août. « Ils savent très bien ce que le port d'un téléphone portable à la prison peut leur causer comme sanction. Ils ne peuvent donc violer le règlement alors qu'ils sont très proches de la sortie... », ont expliqué nos interlocuteurs. Selon eux, la cellule d'isolement « est l'un des endroits le plus craint des prisonniers, tant les conditions de détention sont inhumaines. Ce sont des espaces très réduits et humides, où les détenus dorment à même le sol. Mon frère n'a qu'un seul rein et son codétenu est cardiaque. Ils ne peuvent supporter de telles conditions. Ils risquent d'y passer d'un moment à l'autre. Déjà, ils manifestent des signes de faiblesse assez importants du fait de leur refus de se nourrir ». Un cri de détresse que les familles des deux grévistes ont voulu lancer à travers la presse. Elles ont appelé les autorités pénitentiaires à mettre un terme « aux souffrances et tortures » subies par les grévistes, dont la santé, ont-ils ajouté, est très fragile. Contactée au début de l'action, une source proche du parquet d'Alger a démenti l'existence de détenus en grève de la faim au niveau de l'établissement pénitentiaire d'El Harrach. « Nous n'avons reçu aucune information sur le sujet. Néanmoins, nous savons que les gardiens ont découvert des portables munis de puces dans les affaires des détenus, lesquels sont poursuivis pour violation du règlement intérieur. La procédure, en de tel cas, est d'abord l'isolement des détenus, en attendant la fin de l'enquête. Une fois le dossier devant le tribunal, ces derniers peuvent se défendre et prouver que les portables retrouvés dans leur cellule ne leur appartiennent pas. Pour ce qui est de la grève de la faim, généralement l'administration pénitentiaire signale tout de suite les faits, afin d'isoler le gréviste et de le faire suivre par un médecin du pénitencier du début jusqu'à la fin. » Une déclaration qui ne rejoint pas celle des familles des détenus, qui maintiennent mordicus que leurs proches jeûnent depuis une dizaine de jours. Selon elles, leur santé ne cesse de se détériorer. « Des informations rapportées par des familles d'autres détenus ne nous réjouissent pas et nous font très peur. Nous voulons qu'il soit mis fin à ce calvaire et que nos proches puissent terminer leur peine en bonne santé et non pas dans un cercueil. » Hier, aucune information n'a filtré de l'administration pénitentiaire, dont les responsables étaient injoignables malgré nos multiples sollicitations.