Carlos Ghosn a supprimé le poste de numéro deux chez Nissan et réorganisé la direction après des résultats financiers décevants pour le constructeur d'automobiles japonais. Jusqu'à présent numéro deux chez Nissan, Toshiyuki Shiga devient vice-président du conseil d'administration et ses actuelles fonctions exécutives seront divisées au profit d'un trio. Hiroto Saikawa, actuel directeur de la compétitivité, hérite de la direction des opérations en Chine. Andy Palmer, nommé directeur de la planification, s'occupera entre autres de la stratégie des véhicules «sans émission polluante», y compris les voitures électriques dont les ventes peinent à décoller. Trevor Mann, enfin, devient directeur de la performance, chargé notamment de la marque bon marché Datsun que Nissan vient de relancer dans des pays émergents asiatiques, mais aussi des véhicules commerciaux. En août, le numéro deux de Renault, Carlos Tavares, avait démissionné après avoir confié que, faute de pouvoir succéder un jour à M. Ghosn à la tête de la marque au losange, il visait plus haut ailleurs. Début septembre, le constructeur français, principal actionnaire de Nissan, avait annoncé la nomination de deux directeurs délégués pour prendre la suite du seul M. Tavares. «Nous remplaçons une personne par deux pour mieux focaliser notre attention sur (les) priorités», avait alors justifié M. Ghosn, qui préside à la fois Renault et Nissan. A Yokohama vendredi, il a expliqué cette fois que «la direction de Nissan avait besoin d'être rajeunie». «Le fait que nous n'ayons plus besoin d'un numéro deux montre que nous sommes plus matures en termes de management, cela s'applique pour Renault comme pour Nissan». Agé de 59 ans et à la tête du groupe nippon depuis 12 ans, M. Ghosn n'a en revanche pas semblé avoir l'intention de passer la main. «Il y aura un moment où je serai remplacé, mais cette décision appartient aux propriétaires de l'entreprise», a déclaré le PDG tout sourire, sans fournir la moindre indication temporelle. Ces annonces sont intervenues le jour de la présentation de résultats financiers qui ont déçu. Pour l'exercice du 1er avril 2013 au 31 mars 2014, Nissan a sabré de 15% sa prévision de bénéfice net, à 355 milliards de yens (2,73 milliards d'euros). Le constructeur pense ne vendre que 5,2 millions de véhicules pendant cette année, au lieu de 5,3 millions, à cause de difficultés en Europe pires qu'évaluées au départ. M. Ghosn s'est dit néanmoins confiant dans la capacité du groupe à respecter son plan stratégique à moyen terme, qui prévoit d'atteindre une part du marché mondial de 8% d'ici à l'exercice 2016-2017, alors qu'elle n'a atteint que 5,9% au premier semestre (avril-septembre) de l'exercice en cours — en repli de 0,3 point. Ses ventes ont diminué de 8,3% en Chine, où les consommateurs hésitent parfois à acheter des voitures japonaises à cause d'un différend territorial sino-nippon. Elles- ont reculé de 6,1% en Europe où le marché de l'automobile reste mal portant, mais ont aussi reflué dans les prometteurs marchés.