Entre applaudissements et critiques. Le projet de loi relatif aux activités et au marché du livre ne fait pas l'unanimité chez les éditeurs. Pour certains, c'est une révolution, comme le pense Azzedine Guerfi des éditions Chihab, alors que pour d'autres, beaucoup de points sont à éclaicir. C'est ce qu'estime Boussaâd Ouali , responsable de la maison d'éditions Inas. «Cette loi est complètement à côté de la plaque, car 90 % des problèmes du marché du livre sont de nature économique et industriel et non réglementaires», a-t-il relevé sur le journal électronique Maghrebemergent. Les avis sont, en somme, partagés sur ce texte adopté lors de la réunion du Conseil des ministres du 29 septembre dernier. Ce projet, actuellement en examen par la commission de l'Assemblée populaire (APN) avant de passer au vote lors de cette session d'automne, contient plusieurs mesures à travers ses 62 articles. Des mesures qui ont essentiellement pour objectif de développer et d'encourager l'écriture, la production et la commercialisation du livre produit en Algérie. Il s'agit aussi de lever les entraves rencontrées jusque-là en matière de distribution, un segment qui reste le parent pauvre de ce marché. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, mise justement sur ce texte pour renforcer les circuits de distribution du livre. Autre volet de ce projet : développer le partenariat entre les éditeurs algériens et étrangers. Parmi les dispositions prévues, l'on compte par ailleurs la création d'un label de qualité récompensant les éditeurs et les libraires. Le texte de loi prévoit également de développer le réseau de librairies sur tout le territoire national et d'imposer à tous les points de vente un prix unique qui sera fixé par l'éditeur ou par l'importateur (article 29). Aussi, les acquisitions de livres pour le compte d'une institution publique devront être effectuées auprès des librairies situées dans la wilaya d'implantation de l'entité publique auteur de la commande. Ce qui garantira, selon Azzedine Guerfi un marché de 40 milliards de dinars aux librairies et leur assurera une rentabilité. Le secteur de l'édition pourrait aussi connaître de grandes mutations. L'article 16 du projet propose en effet «l'ouverture de l'édition, l'impression et la commercialisation aux compétences nationales», selon un «principe d'égal accès à la commande publique». Sur un autre plan, des engagements sont pris pour promouvoir l'exportation du livre algérien. En d'autres termes, l'Etat appuiera l'exportation du livre. Un point qui sera intégré dans le fonds d'aide à l'exportation, comme l'a promis le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le 31 octobre dernier, à l'inauguration du 18e SILA. Ce soutien se concrétisera via une collaboration entre les ministères du Commerce et de la Culture. Objectif, «promouvoir la créativité algérienne», comme l'a souligné Sellal, relayé par la ministre de la Culture, Khalida Toumi, qui dira à ce sujet : «Le gouvernement va déployer une stratégie de soutien à l'exportation du livre algérien, en lui réservant un traitement spécifique, à la différence des autres marchandises.» C'est ainsi que le projet en question, après adoption par les deux Chambres viendra fixer les règles générales relatives aux activités et au marché du livre (édition, impression, commercialisation, promotion et formation aux métiers du livre), et ce, dans le but de mettre en place une industrie du livre avec des missions et des spécificités aux secteurs public et privé. Mais il faudrait attendre deux à trois ans avant de voir les résultats sur le terrain, comme l'ont souligné les participants au 18e SILA.