C'est l'angoisse. La population d'El Atteuf, commune où ont été enregistrés, entre le 31 octobre et le 6 novembre, les neuf derniers cas de paludisme, est inquiète. Ghardaia. De notre envoyé spécial
Les habitants de cette localité ne sont pas tranquilles malgré les assurances fournies hier par la direction de la santé et de la population de la wilaya de Ghardaïa quant à une prétendue maîtrise de la situation épidémiologique. «Il n'y a pas de risque d'apparition d'autres cas de cette maladie», a insisté hier le directeur de la santé de la wilaya de Ghardaïa, Bouhafs Abdelbaki. Mais les citoyens d'El Atteuf, encore angoissés, ne l'entendent pas de cette oreille. D'aucuns n'hésitent pas à mettre en avant le fait qu'il n'y a pas eu assez de communication depuis qu'ont été détectés, sur un premier sujet, les symptômes du paludisme. L'inquiétude s'est accentuée après qu'aient été enregistrés d'autres cas, originaires de la région, dans d'autres wilayas, dont celle de Batna. Ainsi, pour cette population, les risques que d'autres cas soient détectés sont toujours d'actualité. «Je suis inquiet parce que, pour moi, il n'y a pas eu de réelle prise en charge du problème. Cela va persister car le problème des eaux usées d'El Atteuf est toujours là. Là où j'habite, il y a un égout à ciel ouvert, les eaux usées se déversent sur nos maisons depuis une cité mitoyenne», explique un habitant d'El Atteuf. «Les autorités n'ont pas déployé de gros moyens», accuse-t-il. Et un autre de lui couper la parole : «Il ne faut pas oublier le risque qui peut aussi provenir des 300 Subsahariens qui habitent dans certains quartiers d'El Atteuf !» La lutte antivectorielle se poursuit Mais, selon la direction de la santé, les mesures préventives pour la lutte antivectorielle entreprises par l'APC d'El Atteuf, notamment les aspersions intra et extradomiciles et l'épandage de larvicides, se poursuivent dans les différents quartiers et sont supervisées par trois techniciens en assainissement. C'est lors d'une banale consultation au service des urgences de l'hôpital de Ghardaïa, suite à un syndrome fébrile, que les symptômes du paludisme (dû au plasmodium falciparum) sur un résident de la commune d'El Atteuf ont été détectés. Celui-ci décédera quelques heures après son admission. «Le début des symptômes chez ce patient remontait à huit jours avant son admission à l'hôpital», a précisé hier Bouhafs Abdelbaki. Ce fut ensuite une ruée de patients provenant de la même commune qui a mis en alerte les services de santé de la wilaya. Huit autres sujets ont été enregistrés et pris en charge par des médecins infectionnistes de l'hôpital de Ghardaïa. Il reste encore un sujet atteint de paludisme à l'hôpital. «7 malades sont sortis, il n'en reste qu'un seul hospitalisé et son état de santé est en bonne évolution clinique à ce jour», selon notre interlocuteur. «Il sortira le 13 novembre», nous déclare son médecin traitant. Un seul cas encore à l'hôpital Originaire de Sedrata, à El Atteuf, H. Y., 56 ans, a été admis avec son fils de 15 ans, tous deux atteints de cette maladie. «J'ai ressenti des maux de tête et de la fièvre, tel est mon seul souvenir avant d'être admis à l'hôpital.» Ils habitent non loin d'un endroit où les eaux stagnent. Là où ces insectes tueurs se multiplient. Les neufs cas enregistrés jusque-là sont tous «des cas autochtones». Le virus leur été transmis par un insecte, l'anophèle femelle, dans trois sites d'eaux stagnantes à Sedrata, Tamou El Malek et Oued El Atteuf. Dès que cette maladie a été identifiée, des mesures ont été prises et une cellule de crise a été installée au siège de la wilaya. C'est alors qu'une équipe d'épidémiologues s'est mise au travail pour une prospection entomologique consistant en la recherche de larves de moustiques anophèles femelles, vecteurs de cette maladie. Ces prospections entomologiques ont débuté, selon notre source, dès le premier jour et se poursuivent jusqu'à l'heure actuelle. Selon M. Bouhafs, le dépistage actif a touché 2740 personnes dont 120 ressortissants subsahariens et se poursuit pour toucher le plus grand nombre. Le dépistage devrait concerner dans les prochains jours les quartiers de Ghardaïa. A ce titre, assure notre interlocuteur, «1200 lames se sont avérées négatives». Toutefois, M. Bouhafs a révélé deux grands problèmes rencontrés par les équipes de dépistage : identifier les Subsahariens et de leur faire un test. Cette opération est d'autant plus importante que l'on sait que, par le passé, il y a déjà eu 23 cas enregistrés parmi cette communauté de Subsahariens. Notons par ailleurs que cette maladie a déjà causé au moins trois victimes dans le quartier de Chaâba El Hamra, dans la daïra de Dhaya Ben Dahoua.