Les derniers cas de paludisme enregistrés en Algérie rappellent qu'en 2011, lors de la même alerte, les autorités s'étaient engagées à mener l'enquête. Sans suite. Un problème plus que jamais d'actualité alors qu'hier, un étudiant originaire de Ghardaïa a été détecté positif à Batna. Encore une fois, malgré toutes les assurances fournies il y a près de 18 mois par la direction de la santé et de la population de la wilaya de Ghardaïa quant à une prétendue maîtrise de la situation épidémiologique, huit autres cas positifs de paludisme (plus un mercredi) ont été détectés en début de semaine sur des individus résidant dans la commune d'El Atteuf, précisément dans les quartiers Zerzatou et Chahid Rezzag, relevant de la daïra de Bounoura, dans la wilaya de Ghardaïa. C'est en effet lors d'une banale consultation au service des urgences de l'hôpital Docteur Tirichine de Ghardaïa, suite à un syndrome fébrile, que les symptômes du paludisme (plasmodium falciparum) ont été détectés sur un premier sujet, âgé de 60 ans, qui, entre temps, a sombré dans un coma profond et dont l'état est jugé grave. Ce fut ensuite une cascade de patients provenant de la même commune qui a mis en alerte les services de santé de la wilaya. Angoisse Pris en charge rapidement par des médecins infectionnistes, les patients ont été immédiatement hospitalisés et mis sous traitement. Une batterie de mesures a tout de suite été mise en branle par une cellule de crise installée au siège de la wilaya pour identifier et contenir le réservoir humain et environnemental dans lequel s'est déclaré cette maladie. Une équipe d'épidémiologues s'est immédiatement mise au travail pour une prospection entomologique consistant en une recherche de larves de moustiques anophèles femelles, vecteurs de cette maladie, dont les résultats sont attendus avec angoisse par la population locale qui commence à douter des assurances, sans conviction, avancées par la DSP de Ghardaïa. L'angoisse ressentie par les habitants d'El Atteuf a poussé des centaines d'entre eux à procéder,lundi à partir de 18h, à la fermeture de l'importante RN1 au niveau du carrefour de Sidi Abbaz, ce qui a provoqué un immense embouteillage dans les deux sens, que ce soit vers le nord en direction de Laghouat, ou le sud en direction de Ouargla, bloquant ainsi des centaines de voitures, bus et camions de tous tonnages. Ce n'est que vers 19h, que le docteur Selt Bensalah, responsable du service prévention à la direction de la santé de Ghardaïa, accompagné du chef de daïra par intérim de Bounoura, a réussi à tranquilliser les citoyens ; le calme est alors revenu et les obstacles sur la route ont été levés. Rappelons que cette maladie, que l'on dit en phase de pré-élimination de notre pays, a quand même causé, il y a deux ans, pas moins de trois victimes au quartier Châaba El Hamra, dans la daïra de Dhaya Ben Dahoua, dans la wilaya de Ghardaïa. Rumeurs En effet, le premier décès est celui d'un individu de 46 ans qui a fait un malaise alors qu'il prenait un bain dans les eaux thermales de Zelfana, à 70 km au sud de Ghardaïa. Rapidement évacué par la Protection civile vers l'hôpital de la ville, il a rendu l'âme le 15 novembre 2011, sans pour autant qu'un vecteur du paludisme n'ait été constaté. C'est en fait le second décès, huit jours plus tard, d'un de ses collègues qui a alerté les autorités médicales de la région, ce qui a laissé libre cours à la rumeur qui a enflé lorsqu'un maçon travaillant dans la même zone a développé les mêmes symptômes, ce qui a nécessité son admission à l'hôpital Docteur Tirichine de Ghardaïa. Apprenant que celui-ci travaillait avec son cousin qui était parti pour quelques jours de congé à Sidi Aïssa, dans la wilaya de M'sila, les responsables de la direction de la santé de la wilaya ont pris contact avec leurs homologues de M'sila, les informant de la possible infection de ce dernier, qui a été pris en charge à Sidi Aïssa. Les premières analyses effectuées localement ont confirmé que le patient développait tous les symptômes du paludisme à plasmodium falciporum. Il a été transféré en urgence vers l'hôpital El Kettar (Alger), spécialisé dans les maladies infectieuses, où il a été pris en charge. L'autre cas est celui d'un garde communal qui était en congé à Timimoun. Ayant semble-t-il ressenti une certaine faiblesse, il s'est rendu à l'hôpital de Timimoun où il a subi diverses analyses. Quelques jours plus tard, en reprenant son poste à Ghardaïa, il s'est rendu à l'hôpital Docteur Tirichine, muni de son dossier médical, pour un bilan. Silence radio C'est là que les médecins ont décelé les mêmes symptômes et ont décidé de son placement sous traitement. Cette situation, qui s'est déclarée dans une seule partie de cette daïra, a fait réagir les autorités médicales nationales qui ont envoyé une équipe composée du docteur Bouzid Harrat, spécialiste des maladies parasitaires et médecines tropicales à l'Institut Pasteur d'Algérie, et de deux spécialistes en entomologie de l'INSP qui se sont mis tout de suite au travail pour une prospection entomologique. Approché à l'époque, le docteur Selt Bensalah, responsable du service prévention à la direction de la santé de Ghardaïa, avait alors affirmé que la situation était maîtrisée et que des opérations de prélèvement sur plus de 350habitants et 35 Subsahariens résidant à proximité n'avaient rien révélé de suspect. Quant au docteur Harrat, il nous avait affirmé que «ces cas ne sont que des résidus de cette maladie (le paludisme) qui ne subsiste que dans quelques poches au Sahara», révélant que celle-ci est «en phase de pré-élimination de notre pays», ajoutant que «le travail, actuellement, vise la constitution d'une base de données après la constatation de l'apparition de ces cas. Dès que cela sera fait, les résultats de ce travail seront remis au moment opportun». Depuis, silence radio au niveau de la DSP de Ghardaïa quant aux résultats de cette enquête.