Après l'éclatant succès de Flissi au Championnat du monde de boxe, nous avons voulu connaître nos potentialités futures. Bessalem Abdellah est bien placé pour nous renseigner. En plus d'être l'ex-président de la FAB, il est vice-président de l'AIBA depuis 2006 à ce jour, sachant qu'il est membre de l'exécutif de cette instance internationale depuis 1998. Il répond à nos questions. - Après la médaille d'argent remportée en 1995 à Berlin par Noureddine Medjhoud, voilà que Mohamed Flissi vient de décrocher la même médaille aux Mondiaux au Kazakhstan. En tant que spécialiste de la discipline, qu'avez-vous à dire ?
Tout d'abord, félicitations au boxeur Flissi, à ses camarades ainsi qu'à la Fédération algérienne de boxe. Il est vrai que le parcours a été long pour arriver à la finale de ce Championnat du monde, où 480 boxeurs originaires de 100 pays ont pris part. Seuls 12 pays ont pu atteindre le cap des finales, dont le nôtre, qui a occupé la 9e place au classement final. Il faut ajouter que les autres boxeurs n'ont pas démérité puisque leurs adversaires sont arrivés à décrocher une médaille d'or. Cela nous renseigne donc sur les possibilités des nôtres. Ce qu'il faut retenir, c'est que la boxe algérienne a toujours honoré le sport national
- Ainsi, faut-il vraiment parler d'un avenir prometteur pour la boxe algérienne et espérer des médailles aux JO de Rio en 2016 ?
La boxe algérienne recèle des potentialités certaines. Rio est à nos portes. Cependant, les modalités de qualification ont changé avec l'introduction de qualifications pour les boxeurs évoluant dans la Ligue mondiale WSB et ceux qui vont participer au championnat du monde APB (AIBA Professional Boxing). En effet, un quota de 100 boxeurs est attribué à ces deux compétitions sur les 256 prévus pour les Jeux olympiques de Rio 2016. Il faut savoir que la WSB est à sa quatrième saison et l'APB débutera en juin 2014. A la lecture des résultats obtenus par les boxeurs de la WSB à Londres où 13 sur 20 ont obtenu des médailles et lors de ce Championnat du monde où 19 sur 20 se sont qualifiés aux finales, il apparaît donc qu'après les 4e, 5e et 6e saisons avant les JO que ces boxeurs monteront en puissance et feront partie du dernier carré. Ainsi, les données sont claires et je vous dirais que nos boxeurs possèdent toutes les potentialités pour faire partie des boxeurs qui atteindront le podium à Rio. Leur préparation avant les JM a été récompensée par 5 médailles d'or et une de bronze. Il est à noter que 5 boxeurs ont moins de 22 ans et possèdent déjà un palmarès étoffé. Chadi, avec ses 27 ans, est le plus âgé et sera probablement en 2016 à sa troisième participation aux JO de 2016. Sans vouloir encenser la boxe algérienne, les prestations fournies à Almaty ont réellement impressionné les spécialistes, entraîneurs, dirigeants et autres athlètes.
- Dernièrement, des techniciens sportifs algériens ont été honorés, même à titre posthume. Cependant, le regretté Mounes Lahiani, qui a été l'entraîneur des deux premiers médaillés de l'histoire algérienne aux Jeux olympiques, ne figurait pas sur la liste. Votre impression ?
La réception sur le plan organisation a été une réussite, elle a permis de regrouper les acteurs et les décideurs. Cette cérémonie a revêtu un caractère symbolique important dans la mesure où on célébrait le 50e anniversaire de la création du CNO Algérie. Quant au choix des récipiendaires et des nominés, qui avait dû faire l'objet d'un travail au sien de la commission du mérite, il y eu des omissions. Lounès Lahiani a été le premier entraîneur à obtenir en 1984 des médailles olympiques tous sports confondus, avec également une médaille lors des Jeux de Barcelone, soit 3 médailles sur les 6 obtenues par la boxe. Il y a eu, je pense, plusieurs omissions, mais celle de Lahiani est impardonnable.
- Vous faites partie de l'AIBA, que pense-t-on dans cette sphère internationale de la boxe algérienne ?
Sincèrement, on ne tarit pas d'éloges sur les prestations de la boxe algérienne et cela à tous les niveaux de compétition : cadets, juniors, seniors garçons et féminines. Cela nous encourage à persévérer car le potentiel existe réellement et les pouvoirs publics accordent une grande importance à cette discipline.
- Vous êtes président de la Confédération africaine de boxe, quelle a été votre intervention dans la crise entre la Fédération camerounaise de boxe et l'AIBA qui la menaçait de radiation ?
La Fédération internationale de boxe est également soucieuse de la nécessité d'autonomie, en parfaite harmonie avec les autorités. Les problèmes multiples sont la plupart du temps internes, au sein même des associations. En Afrique, il n'y a pas que le Cameroun dans ce cas, nous avons l'Afrique du Sud, l'Ouganda, la Tanzanie, Madagascar, la Sierra Leone et le Kenya. Dans les autres continents, il y a eu l'Inde, la Thaïlande, la Corée, l'Angleterre, la Roumanie et les USA. L'inadéquation des statuts et les interventions des autorités sportives, à savoir les pouvoirs publics et le CNO sont à l'origine de ces problèmes. Les situations du Sierra Leone, Ouganda, Kenya ont jusqu'à maintenant été résolus, les cas des Fédérations du Cameroun, de la RSA, de Madagascar et de Tanzanie seront solutionnées dès la fin de l'année par l'organisation de nouvelles élections.