Les matières grises qui ont concouru à la mise au point du Système Eurosur sont formelles : L'incertitude quant à l'efficacité de ce tout dernier dispositif dit «intelligent» de surveillance des frontières n'a pas de place. Le génie israélien, mis à contribution, y est pour quelque chose. Comment ? Israël, 6e exportateur mondial de biens de sécurité, prend actuellement part à 800 projets de recherches scientifiques liées à l'industrie militaire et de sécurité, subventionnés par l'UE pour un montant total évalué à 4,3 milliards d'euros. Ayant flairé le filon et en bon visionnaire, Israël pense déjà au prochain pactole qui sera mis en jeu à l'horizon 2020 en faveur de la compétitivité de l'industrie de la sécurité, où elle ambitionne d'obtenir une part encore plus grande. Et, Eurosur est en partie, selon le spécialiste David Cronin, le fruit d'un projet de 15 millions d'euros investis dans la recherche scientifique et lancé en 2010. «Bien que financé en grande partie par l'UE, de gros fabricants d'armes comme l'entreprise BAE de Grande-Bretagne BAE, EADS franco-allemande et Indra en Espagne ont été d'un apport notable en termes de financements», apprend-il. Toujours selon celui dont les travaux et les enquêtes sur le fricotage de l'UE et son bras armé Frontex avec les sociétés leaders en matière d'armement ont toujours ébranlé la place politique bruxelloise, Eurosur fait partie d'une longue liste de projets financés par l'UE en matière de sécurité maritime. «L'Oparus, un autre projet associant le britannique BAE et le franco-allemand EADS ainsi que les géants français Thales et Dassault a pour mission d'examiner comment les drones peuvent aider à intercepter les africains ou les asiatiques qui tentent de franchir les frontières européennes. L'israélien des industries aérospatiales Israel Aerospace Industries (IAI) est également dans le coup». Ses célèbres drones intelligents se sont d'ailleurs attirés une reconnaissance internationale de par leur efficacité avérée lors des bombardements des palestiniens de Ghaza. Et Frontex est déjà tombée sous le charme du Heron UAV made in Israël. A l'instar de Migreurop, de la Cimade ou du Réseau méditerranéen des droits de l'homme (REMDH), l'auteur de «Corporate Europe : How Big Business Sets Policies on Food, Climate and War», n'a eu de cesse d'interpeller Bruxelles sur le recours à des moyens de guerre tels que les avions, navires et les drones dans la chasse aux migrants clandestins et réfugiés. «L'utilisation des drones à des fins de violence n'est que pure coïncidence», était la réponse de Bruxelles, à laquelle a eu droit David Cronin.