La France a décidé, hier, d'équiper son armée de drones israéliens. Pour l'apparence, ils seront achetés à Dassault Aviation qui, en réalité, s'est mis en partenariat avec Israel Aerospace Industrie. Les drones américains et européens, qui étaient en compétition, ont été écartés. Pour ceux qui ne sont pas au fait de la chose militaire, un drone est un avion sans pilote qui sert en général pour la surveillance et le renseignement. Ce n'est pas tant le montant du marché qui, d'ailleurs, n'a pas été révélé, mais le choix qui surprend. Le communiqué du ministère français de la Défense tente de prendre les devants en annonçant que ce choix «impliquera plusieurs entreprises françaises» donc des emplois. Il évoque même un transfert de savoir-faire d'Israël vers la France. Les experts ne sont, cependant, pas dupes et parlent, dans leur jargon, d'un «achat sur étagères» (de produit existant). Ils précisent qu'il s'agit du drone israélien Heron TP produit par la société israélienne qui s'est mise en partenariat avec Dassault et que nous avons citée plus haut. Le ministère français de la Défense précise qu'ils «seront francisés». Autre précision des experts: le Heron TP n'est utilisé nulle part au monde sauf en Israël. Ajoutons cette autre étrangeté: la commande française ne sera livrable qu'en...2014. Pour quel théâtre d'opérations militaires françaises est-elle programmée? Ces mêmes experts se demandent également si la France aura les renseignements transmis par ces drones avant Israël puisque ces appareils seront dirigés à partir du sol par des systèmes israéliens? Toutes ces questions prennent encore plus de poids lorsqu'on sait que des 18 pays fabricant des drones, ceux d'Israël sont les moins performants. Décision politico-militaire évidente qui illustre bien le rapprochement stratégique entre la France et Israël. Ce n'est pas le premier puisqu'un autre contrat tout aussi sensible a été signé en 2008 entre la France et Israël. Cette fois-là c'était l'inverse. C'était l'Etat hébreu qui «prenait sous son aile» (pour reprendre le titre de Libération, hier, à propos des drones) le groupe français Renault. En vertu de ce contrat, Renault s'est lancé dans un lourd investissement de production de voitures électriques pour satisfaire le petit marché israélien (10.000 voitures/an). L'essentiel étant pour Tel-Aviv de ne plus dépendre des hydrocarbures produits pour une bonne part, par les pays arabes. Des hydrocarbures exposés, selon certaines prévisions, à une baisse de l'offre pour différentes raisons telles que les guerres et conflits. Donc Renault s'est associé, pour ce contrat, à une société américano-israélienne, Project Better Place. Le groupe français fournit les voitures (Fluenze) et son associé s'occupera des batteries et des bornes de recharge ou d'échanges sur le territoire israélien. Pour rentabiliser, malgré tout, ses investissements, le gouvernement danois a été mis à contribution. Un accord a été signé, avec lui, toujours en 2008, prévoyant des facilitations fiscales nécessaires à la promotion de la voiture électrique. Ce deuxième marché, plus conséquent que le premier, était nécessaire pour donner le bon coup de pouce. Les livraisons ont commencé ce mois. Dans les deux cas, (drones et voitures électriques), la France n'a pas lésiné sur les finances malgré ses caisses vides et sans aucun principe de précaution. Et c'est là qu'il devient facile de comprendre que ces deux opérations ne sont ni commerciales ni économiques. Il n'y a que le projet de Renault en Algérie pour être freiné par des raisons économiques.