La galère du transport à Alger s'envenime. Si se déplacer dans la capitale relève chaque jour du vrai parcours du combattant, la grève de l'Etusa et les embouteillages amplifiés par la pluie aggravent, ces derniers jours, une situation déjà très pénible pour les Algérois. «Avec ou sans grève, c'est la galère», lâche une dame en trébuchant sur la marche d'un bus sur le point de démarrer. Un véhicule J5, qui s'apprête à quitter la place du 1er Mai en direction de Chevalley, laisse sur place des dizaines de bus bleus, bus de l'Etusa, à l'arrêt. Une grande banderole indique la poursuite de la grève illimitée, entamée depuis déjà une semaine. A quelques pas du piquet de grève, des dizaines de bus de transporteurs privés stationnent les uns derrière les autres pour récupérer tous les usagers du transporteur public. «Les bus privés n'ont pas raté l'occasion, ils sont venus de partout pour assurer le transport des habitués de l'Etusa», indique un chauffeur de taxi, fatigué d'attendre des clients qui ne viennent pas, à quelques mètres des arrêts de bus. La grève change la donne, sème l'anarchie et déstabilise les Algérois, mais le grand perdant reste l'Etusa, avec des pertes sèches chaque jour qui passe. Près de 2 millions de dinars par jour depuis le début de la grève. Le bras de fer opposant les chauffeurs et les receveurs du transporteur public et la direction n'en finit pas, alors que les grévistes ont été rejoints, dans la journée d'hier, par les chauffeurs du COUS, transport des étudiants. Guerre sourde A l'origine de cette grève illimitée suivie massivement par les travailleurs de l'Etusa, le gel de la section syndicale de l'entreprise au mois d'octobre suite à plusieurs mouvements de protestation qui ont déplu à la direction. «Cette grève est illégale. Toutes les revendications des grévistes pour l'application de la convention collective de 1997 ont été satisfaites en octobre 2012. Il n'est plus possible de tolérer ce genre de débrayages inopinés qui causent des désagréments aux usagers et des pertes à l'entreprise», déclarait le directeur général de l'Etusa, Yacine Krim, cité par l'APS, au quatrième jour de la grève. L'homme est détesté par les grévistes. Ils réclament son départ pur et simple. «Vous croyez qu'on est contents de ne pas travailler et d'être en conflit avec la direction ?», interroge un gréviste près de son bus à l'arrêt. «Ils ne nous laissent pas d'autres choix», poursuit-il. Les grévistes réclament l'arrêt du gel de leur section syndicale. «Militer pour ses droits ne devrait pas être remis en cause», insistent-ils. Ils revendiquent le départ du premier responsable de l'entreprise, l'abrogation de l'article 87 bis de la loi 90-11 relative aux relations de travail afin que les salaires de base soient de 18 000 DA sans le calcul des primes. Ils insistent quant à leur droit à poursuivre leurs activités syndicales sans pression. En attendant, l'anarchie continue de pourrir le quotidien des Algérois.