Le principe de la révision constitutionnelle proposée par le FLN est différemment apprécié par la classe politique, qui déclare attendre son contenu. Ainsi, le FFS, dans une déclaration signée par le premier secrétaire national, M. Laskri, a été des plus circonspects sur le débat suscité par la proposition du FLN d'amender le texte fondamental du pays. Le parti d'Aït Ahmed a intitulé sa déclaration : « Alternance clanique : une Constitution pour chaque mandat présidentiel ». Pour le FFS, la proposition du FLN « n'a rien d'inédit ». Pourquoi ? « A toujours vouloir fuir les vraies solutions, le système répète insidieusement et impunément les mêmes manœuvres : occulter les impasses politiques par le recours aux plébiscites, sous peine d'effondrement de la Révolution, des institutions, de l'Etat ou de la République », explique le FFS. Le parti de l'opposition relève que ce projet de révision constitutionnelle est élaboré dans le sillage et l'état d'esprit de « la charte de l'amnésie et de l'impunité ». Ainsi, le FFS appelle à démonter ce projet par « le recentrage du débat et de l'intérêt politico-médiatique sur les questions essentielles et existentielles du devenir du pays ». Le FFS dira qu'il est inconséquent, pour ne pas dire suicidaire, pour les potentialités démocratiques, de se rendre complices « d'une agitation » sans résultats prometteurs pour l'avenir démocratique du pays. Le FFS appelle à « déconstruire cette énième farce » par l'élaboration d'une alternative démocratique crédible. Pour sa part, le RND, par la voix de son secrétaire général et chef du gouvernement sortant, M. Ouyahia, ne se montre guère enthousiaste pour la proposition du FLN. Pour Ouyahia, la révision de la Constitution « n'est pas une priorité pour l'Algérie ». En effet, le RND ne semble pas trouver de mobile pour revoir la Constitution en vigueur. D'ailleurs, ce point a constitué un point d'achoppement entre M. Ouyahia et l'actuel chef du gouvernement, M. Belkhadem. Par ailleurs, le Parti des travailleurs (PT), par la voix de M. Djoudi, déclare attendre pour connaître d'abord le contenu de l'amendement proposé par le FLN afin de se prononcer ensuite. L'urgent, explique le porte-parole du PT, c'est de poursuivre la campagne pour « la renationalisation des hydrocarbures, l'arrêt de la désertification industrielle et la lutte contre les privatisations ». Concernant le parti d'El Islah, M. Benkhelaf, membre du madjliss el choura, indique que son parti « ne voit aucun inconvénient pour l'amendement de l'actuelle Constitution ni pour la consécration d'un régime présidentiel ». Pour le parti de Djaballah, la révision de la Constitution serait une opportunité pour combler certaines lacunes juridiques. Cet amendement, explique M. Benkhelaf, devrait consacrer l'alternance des partis politiques au pouvoir par le biais d'élections libres et démocratiques, mais aussi les libertés individuelles et collectives. Le MRN lutte, également, pour imposer le contrôle de l'Exécutif par l'APN et plaide pour un équilibre entre les institutions législative, exécutive et judiciaire. Il souhaite, en outre, renforcer la place des constantes nationales dans la prochaine Constitution. En revanche, le Mouvement pour la démocratie sociale (MDS), dans un communiqué au vitriol, estime que la nomination de Belkhadem à la tête du gouvernement constitue « l'expression de la grave détérioration du rapport de forces » et porte « un démenti cinglant à toutes les illusions d'une possible sortie de crise portée par un pouvoir, incarné par Bouteflika, qui tourne le dos aux sacrifices du peuple algérien ». Pour le MDS, la nomination de Belkhadem « ouvre la voie aux plus graves dérives ». Ainsi, le parti appelle l'ensemble des forces démocratiques et patriotiques, en tirant les leçons de leurs expériences, à se ressaisir, reprendre l'initiative historique, construire un nouveau consensus démocratique concerté basé sur les valeurs universelles et engager une alternative démocratique de sortie de crise. Même son de cloche à l'Union pour la démocratie et la république (UDR), qui, dans un communiqué signé hier par Amara Benyounès, attire l'attention « sur les dangers que représente l'offensive de l'alliance islamo-conservatrice ». Selon l'UDR, le remplacement d'Ouyahia par Belkhadem à la tête de l'Exécutif « est un coup sévère porté aux républicains ». Pour cette formation politique, l'enjeu se situe entre deux visions antinomiques de l'Etat et de la nation, et non entre le pouvoir et l'opposition. Le parti de Amara Benyounès interpelle l'ensemble des patriotes républicains à se mobiliser pour empêcher que « la défaite militaire du terrorisme ne se transforme en victoire politique de l'intégrisme ».