Le parti de Jean-François Copé, dans sa chasse aux électeurs du Front national, cherche à marquer les esprits en… reprenant les thèmes de son adversaire. Paris De notre bureau L'alerte est venue lors d'une élection cantonale. Entre l'UMP et le FN, la gauche éliminée dès le premier tour, les électeurs ont choisi le parti d'extrême droite. La leçon est claire : les Français de cette localité ancrée à droite, Brignoles en l'occurrence, ont bien sanctionné la politique de François Hollande, mais n'ont pas exprimé un désir pour l'opposition républicaine. Pour Jean-François Copé, président mal élu de l'UMP, la seule ligne politique à même de sauver son parti et d'arrêter les défections est de s'aligner sur le programme du Front national. Et comme toujours, quand l'UMP est dans l'impasse, elle ressort ses fondamentaux : l'immigration et la sécurité. Sauf que cette fois-ci, elle veut marquer les esprits en s'attaquant au droit du sol, revendication portée depuis les années 1970 par Jean-Marie Le Pen. Jean-François Copé a lancé une pétition de soutien à la réforme de la politique d'immigration qu'il veut proposer afin de «l'adapter au XXIe siècle, comme tous les grands pays modernes». Cette pétition a été mise en ligne sur le site du principal parti d'opposition. «La triste affaire Leonarda a porté un coup terrible à l'autorité de l'Etat, affaiblie par l'indécision consternante de François Hollande. Elle a aussi révélé que notre politique d'immigration devait être réformée», affirme Jean-Fançois Copé, oubliant au passage que la droite a régné sans partage pendant dix ans. Selon lui, «seule l'UMP peut mener ce travail de manière sereine et crédible, alors que le PS est paralysé par ses contradictions sur le sujet et que le FN n'a aucun intérêt à trouver des solutions aux problèmes causés par l'immigration incontrôlée qui représente son fonds de commerce». Le président de l'UMP rappelle les «quatre piliers» sur lesquels la réforme devrait se fonder : «meilleur contrôle de nos frontières extérieures avec la nécessité de réformer Schengen», «plus grande fermeté face à l'immigration clandestine», «une France rendue moins attractive socialement», «une exigence renforcée dans le parcours d'intégration et de naturalisation». «Il n'y a pas d'autre choix que de réduire l'immigration pour réussir l'intégration et empêcher la montée du communautarisme», affirme Jean-François Copé pour qui «il est de nombreux domaines où le FN copie le programme de l'UMP». La copie et l'original Où peut mener cette chasse à l'électeur du FN ? Les voix modérées de l'UMP sont devenues inaudibles, chahutées par les courants extrêmes, dominants au sein du parti. Les bémols de Jacques Toubon, de Leonetti ou même d'Henri Guaino sont emportés par la déferlante des tenants de la ligne de Patrick Buisson, à droite toute ! Au risque de voir les électeurs préférer l'original à la copie. Idéologiquement, l'UMP ne sait plus où elle habite, elle continue de se revendiquer du gaullisme tout en reniant ses principes les uns après les autres. «Ce n'est pas parce que l'UMP, à force de se regarder dans le miroir que lui tend le Front national, ne sait plus qui elle est, ce qu'elle pense et en quoi elle croit, qu'elle doit se croire autorisée à faire de sa crise idéologique une crise nationale et à confondre sa crise d'identité partisane avec une crise d'identité nationale», souligne Najat Vallaud- Belkacem, porte-parole du gouvernement. A quelques mois des municipales, le Front national est devenu le centre de la politique française. Il continue de donner le «la», la droite lui courant après et la gauche empêtrée dans le chômage et la crise économique.