Biographie d'un désert est un livre, dont l'auteur est Pierre Rognon, géologue et professeur à l'université Pierre et Marie Curie. Il a condensé l'essentiel de ses travaux sur l'histoire géologique du Sahara dans un ouvrage. A travers une interview qu'il accorde à Terre Sauvage, le géologue confie son amour pour le sable et s'émeut de l'inaction des responsables politiques à la question toujours ouverte de la désertification. Plus qu'un ouvrage, l'auteur décortique le pourquoi du désert et les armes disponibles pour le sauver. C'est ainsi qu'on apprend que le désert est composé majoritairement de roches. En réalité, les dunes ne représentent que 20 à 30% du Sahara. Et d'expliquer que pour constituer « les stocks de sable colossaux que représente chaque massif, il faut une longue histoire géologique et des conditions très spécifiques. Il faut aussi un sable particulier : du quartz, le plus résistant au choc des grains entre eux, des grains de forme sphérique et d'une taille entre 100 et 150 microns, les seuls que le vent puisse mettre en mouvement. Il faut transporter, assembler et sélectionner, pour qu'il n'y ait que ces grains là. Les dunes ne se forment qu'à la fin d'un long processus », relate l'auteur. Mais les secrets que cache le désert du Sahara sont encore plus incroyables que la rareté de son sable : c'est son eau. Car sous son tapis ocre et la rudesse de ses terres, le désert a de l'eau, même qu'il en regorge. En fait, comme l'explique Pierre Rognon : « C'est sous les déserts qu'on a les réserves d'eau les plus importantes. » En fait, ce sont des nappes d'eau mais qui ne se rechargent plus depuis longtemps. L'homme y effectue trop de forages. D'ailleurs, l'Algérie, la Libye et la Tunisie se disputent l'exploitation d'une même nappe. Pierre Rognon revient sur ce qui différencie le Sahara des autres déserts et révèle ainsi qu'on y trouve « des vestiges de tout un réseau de fleuves, certains de la dimension du Danube ou du Rhin ». Il cite au Tassili n'Ajjer, l'oued Iherir, une « vallée glacière vieille de plus de 400 millions d'années où l'on retrouve tous les éléments d'un fjord norvégien ». Et d'ajouter : « Le Sahara se distingue par des dimensions qu'on ne retrouve que dans le désert australien : d'immenses étendues parfaitement uniformes qui s'expliquent par la présence de cratons, des ensembles de roches de plus de 2 milliards d'années et extrêmement stables ». L'auteur de Biographie de désert préconise certaines solutions, certes forts coûteuses, mais dont l'utilité n'est plus à démontrer. A titre d'exemple, l'auteur cite l'activation de nuages à l'aide de particules de sel dans le but de provoquer la pluie. « Les Sud-Africains y sont arrivés, mais il faudrait 15 à 20 expérimentations pour valider scientifiquement leur méthode. » Pierre Rognon conseille également l'utilisation des plantes pour leur résistance à la sécheresse, retenir l'eau autour des racines avec des substances absorbantes semblables à celles utilisées dans les couches-culottes. « Et pour éviter le déboisement, on devrait utiliser des fours solaires à la place du bois de chauffe », ajoute le géologue. Pour conclure « Dans tous les domaines, il y a des solutions. » - (*) Biographie d'un désert Edition L'Harmattan 1994, Pierre Rognon