Au-delà de la frénésie qui s'est emparée du marché de la téléphonie mobile, les experts s'attendent à ce que l'introduction de l'internet à haut débit favorise la création de start-up dans les e-services. Comment s'organisent les opérateurs de téléphonie mobile à la veille du lancement commercial de la 3G, prévu le 1er décembre ? L'arrivée de cette technologie dope-t-elle la compétitivité des entreprises de commercialisation des appareils téléphoniques et autres outils appropriés ? Quel sera l'impact de la 3G sur les différents secteurs de l'économie ? Autant de questions qui s'imposent à la veille du rendez-vous tant attendu. Une chose est sûre : à l'heure où la 3G est appelée à être l'écran dominant sur les appareils de téléphonie mobile, un effet d'entraînement devrait toucher plusieurs secteurs des services. Les entreprises de commercialisation des appareils de téléphonie cellulaire commencent d'ores et déjà à organiser leurs veillées d'armes. La 3G est une aubaine pour doper les ventes des smartphones. Il est clair que la prochaine guerre de la téléphonie se jouera entre les trois opérateurs Ooredoo (anciennement Nedjma), Djezzy et Mobilis, dont les offres ont été retenues par l'ARPT ; les marchands agréés de smartphones entendent, eux aussi, tirer leur épingle du jeu. Samsung, Sony, LG, ou encore Nokia sont en ordre de bataille. Certains évoquent déjà une accélération de leurs ventes, en prévision de la 3G. La bataille des smartphones Pour maximiser les ventes, les entreprises spécialisées dans la commercialisation des appareils de téléphonie ont mis sur le marché plusieurs smartphones. Ces appareils serviront de vitrine digitale aux atouts et applications 3G de chacune des marques. Pour les responsables de Samsung Algérie, «il existe une corrélation positive entre le lancement de la 3G et les ventes de smartphones». D'ailleurs, l'intérêt du consommateur algérien pour la 3G augmente d'ores et déjà les ventes des smartphones labellisés Samsung. «L'aspect contenu (applications mobiles, contenus rédactionnels, réseaux sociaux…) est aussi un levier favorisant l'intérêt des consommateurs pour les smartphones», explique-t-on au service communication de Samsung Algérie. Cette marque fait valoir ses atouts qui font sa notoriété mondiale, dont le Galaxy S4, le Galaxy Note 3 et les tablettes Galaxy Tab 3. «Avec plus de 50% de parts de marché, l'arrivée de la 3G ne fera que conforter notre position de leader sur le marché algérien», nous a-t-on indiqué également auprès de Samsung. Quant à la marque Sony, dont les produits sont commercialisés en Algérie par Darkom, celle-ci mise sur ses smartphones Xperia qui font d'ailleurs son emblème et cartonnent bien sur le marché. Le directeur général de Darkom, Khadir Abdenour, dit avoir déjà concocté une stratégie commerciale en prévision de la 3G : «Nous travaillons étroitement avec les trois opérateurs de téléphonie mobile pour les offres associées à la 3G. Nous avons également investi dans la ressource humaine à travers des formations dispensées par les fabricants d'appareils au profit de nos effectifs.» M. Khadir dit avoir également développé l'aspect recherche avec les partenaires de Darkom à même de définir les modèles adaptés aux besoins des consommateurs algériens. Darkom mise sur ses appareils moyen et haut de gamme Xperia, ainsi que les tablettes Ipad. Une nouvelle tablette Xperia sera également mise sur le marché. Les ventes des deux marques commercialisées par Darkom, particulièrement Sony Xperia, ont déjà sensiblement augmenté, si l'on se réfère aux petites révélations de Khadir Abdenour. «L'on assiste à une migration du client vers les smartphones. C'est dire même que le client s'y prépare», dit-il. Du côté de LG, l'autre grosse cylindrée du marché des smartphones, l'on mise sur de nouveaux appareils commercialisés depuis peu pour séduire les nouveaux consommateurs de la 3G. L'Optimus L3 dual a fait ses preuves en Algérie avec, au tableau, 25 000 unités vendues en une année. L'Optimus L5 II vient d'être lancé avec les mêmes prévisions de vente. Le G2, un appareil ultrasophistiqué, vient d'être mis sur le marché. C'est dire que ces opérateurs n'arrivent pas en novices sur le nouveau marché qu'offre la 3G. Nokia entend aussi cartonner grâce à ses deux smartphones récemment lancés, Asha et Lumia en l'occurrence. Effet d'entrainement Cette bataille déclarée des smartphones n'est que l'aspect visible de l'effet d'entraînement suscité par l'arrivée de la 3G en Algérie. Il va sans dire que l'arrivée sur le marché des réseaux de données de haute capacité offre également aux opérateurs de téléphonie mobile une nouvelle occasion de doper leurs marges de gains. En termes plus simples, la 3G est venue compenser le rétrécissement des marges dans les segments voix et dans la croissance du nombre d'abonnés. La hausse des marges de gain devrait quant à elle entraîner une croissance du chiffre d'affaires généré par le secteur de la téléphonie mobile. Celui-ci a été multiplié par sept entre 2002 et 2008, passant de 530,34 millions d'euros à 3,71 milliards d'euros. Autre impact économique : le regain d'activité dans le segment des données mobiles qui contribuera à faire baisser les prix des abonnements à internet et augmenter, par la même, l'usage d'internet en Algérie. L'effet d'entraînement se matérialise également par la création prévue de plusieurs start-up spécialisées dans le développement des applications mobiles et internet, dont certaines seront dédiées assurément aux e-services, au e-commerce, en attendant le e-paiement. En outre, les investissements colossaux prévus par les trois opérateurs de téléphonie cellulaire devraient, à coup sûr, contribuer à la création d'emplois et de richesses, deux variables nécessaires à une économie algérienne en mal de diversification. D'après Mahdjoub Bedda, président de la commission TIC et transports de l'APN, contacté par nos soins, «l'introduction de la 3G en Algérie contribuera à coup sûr au développement du secteur des services et, par ricochet, de l'économie dans sa globalité». D'après lui, les études qui se sont intéressées à l'impact économique du passage de la 2G à la 3G ont montré que le gain pour l'économie d'un pays est triple. Lequel passage de seulement 10% contribuera à une hausse de 0,15% du produit intérieur brut (PIB) à 0,50%. «Des pays qui ont généralisé l'usage des services et produits liés à la 3G ont vu leur PIB augmenter de 1,4% à 1,6%», explique-t-il. C'est dire que la profitabilité de la 3G est loin d'être une simple application de tchat sur mobile.