Il me tient à cœur de vous raconter quelques moments de notre intimité, mes copines et moi, notre «meilleur moment de la journée», enfin en sécurité dans notre nid douillet. C'est la soirée quand on peut enfin baisser notre garde et se relaxer dans la confiance et la familiarité entres sœurs. Dans la promiscuité de nos chambres, nos précieux moments de «bonhomie», les blagues, les fous rires, les déguisements clownesques et les imitations de voix. Tant de souvenirs délicieux de complicité et de bonne humeur. Mon Dieu ! Quelle horreur, si par malchance quelqu'un m'avait filmé à mon insu, avec mes copines mimant les personnages de notre série fétiche Sex in the city, comment expliquer à mes parent, aux gens dans la rue un sens d'humour complice ou un jeu de rôles pour se divertir. Ou nos interminables discussions «entre filles» à travers lesquelles les aînées apprennent aux plus jeunes les choses de la vie, ses dangers aussi. Les confessions intimes des chagrins d'amour, les conseils, «l'éducation sexuelle» que ni nos mères, par honte, ni l'école, par déni, ne nous ont inculquées. Mais qui a le droit de violer mon intimité, comme un voleur dans la nuit ? Quelque chose s'est cassée, la confiance s'est ébranlée et nos nuits sont silencieuses. Désormais, je me méfie, mais j'ai quand même mis un visage sur la chose ; comme la bonne presse est incarnée par ses égéries, la mauvaise presse a un visage hideux, une mauvaise fille, traîtresse, mal fagotée avec un regard fou.