Depuis la rentrée scolaire, le ministère fait face à la colère des enseignants qui menacent de durcir le ton afin d'obtenir de meilleures conditions socioprofessionnelles. Mauvaise surprise pour les enseignants. Le ministère de l'Education nationale a décidé d'utiliser une nouvelle forme d'évaluation des élèves en incluant une «note bonus» (évaluation sur 20) sur les bulletins à partir de la délibération des résultats de ce trimestre. Si auparavant, la moyenne de chaque matière donnait une plus grande importance à la composition qui représente les deux tiers de la moyenne alors que le tiers restant est constitué par la note des devoirs et l'évaluation permanente ainsi que la discipline et la participation, pour ce trimestre-ci, le ministère oblige les enseignants à donner une note supplémentaire «représentant les travaux de recherche pour les matières scientifiques et de documentation pour les matières littéraires». En additionnant cette note et celle du devoir, la composition est à part égale dans le calcul de la moyenne de chaque matière. La note de la composition, qui devrait constituer l'élément-clé de l'évaluation, est ainsi dégradée. Les enseignants sont sceptiques quant à la «bonne utilisation de cette note qui risque d'être déviée de son objectif principal». «Cette note bonus n'a pour objectif que le gonflement de la moyenne de l'élève et l'épuisement des enseignants par une surcharge de travail administratif, qui ne répond a aucune logique pédagogique», dénonce le Conseil des lycées d'Algérie (CLA). Le CLA considère que l'évaluation est un élément important dans le suivi de l'évolution des connaissances et des compétences de l'élève durant son cursus scolaire. Tout en rejetant cette nouvelle méthode de notation, le syndicat Interpelle le ministre de l'Education nationale pour le retrait du nouveau bulletin. Selon les enseignants du CLA, cette note vise à offrir toutes les chances à l'élève d'obtenir une note lui permettant de réussir au détriment de la qualité et du bagage pédagogique. «C'est une manière d'affaiblir l'élément pédagogique et de veiller à augmenter les taux de passage et de réussite», dénonce le CLA, qui propose la création de commissions par matière composées d'enseignants, de parents d'élèves et d'inspecteurs pour élaborer un nouveau système d'évaluation du niveau de l'élève. Le syndicat appelle les enseignants à se préparer au boycott de cette forme de notation à partir du 2e trimestre. Pour le syndicat national des professeurs du secondaire et du technique (Snapest), l'introduction du nouveau bulletin vise à valoriser le travail de recherche effectué durant toute l'année par l'élève. «Si cette note sert à évaluer honnêtement le travail réalisé par les élèves en dehors des compositions, cela les incitera certainement à travailler durant toute l'année et à ne pas se focaliser sur les notes des compositions ; mais si cette évaluation est déviée de son objectif et utilisée juste pour gonfler les moyennes en vue de faire baisser les taux d'échec, ce sera le désastre», prévient M. Meriane, président du Snapest. L'introduction de ce nouveau bulletin intervient au moment où le secteur est en pleine effervescence. Depuis la rentrée scolaire, le ministère fait face à la colère des enseignants qui menacent de durcir le ton pour de meilleures conditions socioprofessionnelles. Des voix se font aussi plus pressantes pour l'amélioration de la qualité du contenu pédagogique. L'introduction du nouveau bulletin ne s'est pas faite, faut-il le souligner, dans le cadre de l'évaluation de la réforme sur laquelle le ministère n'a pas encore tranché.