Lever de rideau, vendredi soir, à la salle Ibn Zeydoun de Riad El Feth à Alger, sur la huitième édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes. Le coup d'envoi officiel de la 8e édition du Festival international de la musique andalouse et des musiques anciennes a été donné par le commissaire du festival, Aïssa Rahmaoui, en présence de certaines figures de proue de la chanson andalouse, dont Sid Ahmed Serri et Mamed Benchaouch, ainsi qu'un public nombreux constitué de familles. Dans son discours d'ouverture, le commissaire du festival a rappelé à l'assistance que le festival de la musique andalouse et des musiques anciennes s'ouvre sur toutes les cultures du monde. «FestivAlgérie a pour objectif de promouvoir la musique traditionnelle savante algérienne dite andalouse, aussi bien sur la scène nationale qu'internationale. Ce festival œuvre au développement et à l'enrichissement de cet art millénaire à travers tous les moyens de diffusion et d'échange d'expériences entre artistes. Il se veut un vecteur porteur de la propagation à l'échelle internationale de ce patrimoine culturel national et de sa mise en valeur. Il offrira durant dix jours une musique qui se déclinera sous la forme du partage et de la paix à la fois», dira-t-il en substance. Après ce discours de bienvenue, les musiciens de l'Ensemble régional d'Alger, habillés élégamment en tenue traditionnelle, donnent le la de la soirée qui durera quatre heures. Dans une excellente orchestration instrumentale et vocale, les musiciens ont offert une touchia maya, et ce, sous la houlette du chef d'orchestre Mokdad Zerrouk. Pour rappel, l'Ensemble régional d'Alger réunit de brillants musiciens et chanteurs du genre sanaâ, typique de la musique arabo-andalouse. Cet ensemble se consacre à la sauvegarde du répertoire et de l'interprétation de la musique sanaâ de l'héritage arabo-andalou, tout en visant l'innovation dans le respect des canons de cette musique savante ancestrale. La chanteuse Dalila Mekader rejoint l'orchestre sous des salves d'applaudissements. Oud en main, elle salue son public avant de s'installer devant son pupitre. Avec toute l'assurance et le timbre de voix qu'on lui connaît, elle gratifiera le public de quelques titres de la nouba, dont inkileb moual, Him Fi El Khiba, un mçadar Ida Neftakeri, un betiahi El Hob, un premier insiraf Ya laouen el assel, un insiraf Ana fi zamani. A la fin de son tour de chant, Dalila Mekader se verra remettre de la part de son maître Mamed Benchaouch un diplôme de participation et un bouquet de fleurs. Une petite reconnaissance pour cette grande artiste qui est notre digne ambassadrice aux Emirats arabes unis, pays où elle vit depuis 8 ans. Auparavant, elle a vécu pendant 19 ans aux Etats-Unis. Place ensuite à l'hommage rendu aux regrettés frères Mohamed et Abderrazek Fekhardji. Des noms qui ont brillé dans l'interprétation andalouse et qui ont eu le mérite de former des générations d'artistes, dont le maître Sid Ahmed Serri. Une des nièces des défunts, Nawel Fekhardji, a été invitée sur la scène pour se voir remettre deux trophées et un bouquet de fleurs. Toute émue, cette dernière s'est dit fière de recevoir une telle distinction. Elle nous confiera cependant en aparté que ce genre d'initiative contribue à préserver la mémoire et le legs laissé par ses regrettés parents. «Une association verra le jour au courant de cette semaine. Baptisée Les Couleurs de l'andalou, cette association œuvrera dans le sens de la sauvegarde de la mémoire de mes oncles. Un véritable travail de fond se fera», expliquera-t-elle. La deuxième partie de la soirée s'est illustrée par le passage sur scène de l'ensemble musical syrien Al Kindy. Cet ensemble a été fondé en 1983 par le virtuose de la cithare arabe, Julian Jalal Eddine Weiss. Ce dernier n'a pas assisté pour des raisons de santé. En hommage à Al Kindy, un philosophe et théoricien de la musique arabo-musulmane, les sept musiciens se sont lancés dans un tour de chant fait de spiritualité et de soufisme. Les instruments musicaux utilisés, dont le oud, le qanûn, le violon, le ney et le riqq, ajoutés à l'introduction de trois belles voix vocales, ont donné une prestation de mouachahet et de chants soufis, de tradition à la mosquée Ibn Oumayade Damas, des plus sublimes. L'objectif de l'ensemble de la formation est d'aller à la source des musiques religieuses, mystiques ou profanes, en les expurgeant de leurs ornementations afin de rechercher la pureté originelle de la musique et son lien direct à Dieu. C'est du moins ce que nous a expliqué l'un des musiciens. Des «taksimites», soit des solos instrumentaux, ont donné plus de mysticisme à ce concert dédié à la méditation de l'âme. Il est à noter par ailleurs que la 8e édition du Festival international de la musique andalouse et ancienne, qui se tiendra jusqu'au 29 décembre chaque soir à 20h, comporte, également, au niveau du hall de la salle Ibn Zeydoun, une exposition d'objets, de vêtements et d'ouvrages appartenant à deux géants de la musique andalouse, à savoir Sid Ahmed Serri et Abdelkrim Dali.