L'ambassadeur d'Algérie à Sofia, Ahmed Boutache, est sorti de son mutisme afin de réagir aux accusations de maltraitance et de violence, formulées par des détenus algériens en Bulgarie. En effet, des photos ayant filtré des prisons bulgares montrent clairement les traces de coups subis par les harraga algériens. Ce qui a poussé ces derniers à observer une grève de la faim pour protester contre le comportement inhumain des policiers bulgares. Selon les responsables bulgares, ils sont quelque 120 Algériens détenus dans les centres d'accueil, mais selon des rapports de presse et des témoignages sur place, le chiffre dépasse largement les 300 personnes. A la presse locale, l'ambassadeur avait condamné ces agissements et dit saisir les autorités bulgares pour mettre fin à cette situation. Suite à ces déclarations, le ministre de l'Intérieur bulgare, Tsvetelin Yovchev, visiblement en colère, tient des propos incendiaires et remet l'ambassadeur algérien à l'ordre. «Je pense que dans des cas similaires, les diplomates étrangers doivent prendre en compte le devoir de respecter et de se conformer à la loi», a-t-il déclaré à la presse. Les cas de maltraitance d'Algériens en particulier ont fait le tour des rédactions bulgares et les photos montrant cette violence subie par les harraga ont été largement diffusées. Aux questions de la presse locale, le ministre de l'Intérieur dément ces accusations. «La déclaration (ambassadeur algérien en Bulgarie, ndlr) devrait être fondée principalement sur des actes.» Et de poursuivre : «Les résultats de l'enquête initiée par nos services ne sont pas encore connus», a-t-il précisé. Le ministre bulgare précise que jusqu'à présent «les enregistrements vidéos n'ont démontré aucune provocation des policiers bulgares à l'égard des immigrés algériens, encore moins de cas de maltraitance», a-t-il ajouté. La réponse des autorités d'Alger par rapport à ces développements a été timide, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, que nous avons tenté de joindre sans succès, avait déclaré à la presse nationale que l'ambassadeur d'Algérie en Bulgarie «a fait tout le nécessaire et entamé des procédures officielles avec les autorités bulgares afin d'attirer leur attention sur les dépassements et la violence subis par les ressortissants algériens, le 30 novembre dernier».Ainsi le scénario grec se répète en Bulgarie, et les autorités algériennes semblent dépasser par l'ampleur du phénomène. En effet, le nombre des détenus algériens en Grèce s'élève à plus de 200 personnes. Selon un diplomate qui a requis l'anonymat, la situation serait très compliquée, «certains détenus algériens refusent de collaborer et se font passer pour des Syriens ou des Palestiniens, j'ai visité ces centres de retention, à chaque fois le même scénario, les harraga algériens me parlaient en dialecte arabe à connotation algérienne», révèle-t-il. Pour le diplomate, les agissements de certains harraga algériens mettent les ambassades algériennes à l'étranger dans la gêne. «La majorité est incarcérée pour des délits de vol, d'agression. Ceux concernés par la présence illégale sur le territoire des pays étrangers sont une minorité, la prise en charge de ces derniers s'effectue facilement et les laissez-passer se font rapidement», précise-t-il. Un dossier qui continue, selon notre interlocuteur, à «pourrir nos relations avec un certain nombre de pays qui sont considérés comme amis», conclut-il.