La qualité et la diversité des livres étaient au rendez-vous, du fait que le parascolaire était bien moins omniprésent qu'il l'est en d'autres manifestations. Dès l'accueil, au premier abord de la bibliothèque de lecture publique de wilaya, la manifestation qui s'y tient annonce sa particularité par rapport à d'autres du même genre organisées en destination de l'enfance. Les haut-parleurs diffusent des chants véritablement enfantins tant en arabe qu'en français, une nouveauté de plus, avec des comptines du genre «Ainsi, font, font les marionnettes». La différence d'approche est déjà là, dans la «désidéologisation» d'une activité inscrite au service de la promotion de la lecture juvénile. Du 7ème salon national du livre pour l'enfance étaient donc exclus ces «medhs» entonnés par des voix voulues angéliques et qui font sournoisement le lit de la propagande intégriste. La seconde particularité tient au fait que cette année, sept éditeurs seulement étaient là. Mais si la quantité manquait quelque peu, avec tout de même 800 titres, la qualité et la diversité y étaient du fait que le parascolaire, celui qui précisément ne donne pas envie de lire, était bien moins omniprésent qu'il l'est en d'autres manifestations. Par ailleurs, fait étonnant, au premier stand occupé par Dar el mejd el arabi (littéralement maison de la grandeur arabe), le paradoxe s'impose. Cette maison d'édition oranaise, qu'on aurait pu croire, au vu de sa dénomination, vouée à la cause baâthiste, propose également de la littérature enfantine en tamazight ! Et puis, l'on découvre qu'Ahmed Khiat est toujours là, au rendez-vous. Il n'a pas désarmé de son dévouement pour l'enfance alors qu'il y a si peu de stimulants extérieurs que ceux qui l'ont nourri au cours de sa carrière d'enseignant. Depuis plus d'une décennie, cet inspecteur de l'enseignement à la retraite a produit 42 titres alors que 32 autres attendent parce que l'affaire ne rapporte pas financièrement. Ses publications, il les édite et les diffuse lui-même. Petite satisfaction, un de ses livres a fait l'objet d'une adaptation par le TR Sidi Bel Abbès. Parmi ses productions qui attendent une édition, «Sans famille» d'Hector Malot et «Le secret de maître Cornille» d'Alphonse Daudet dont Pagnol a tiré un film, ont été traduits par ses soins. Pour les bambins qui ne savent pas encore lire, Ahmed Khiat a fait accompagner certains titres d'un CD, un audio-book qui le leur lit. C'est dire, si ce 7ème salon s'est voulu décontracté avec des ateliers qui prolongent la visite, au premier étage, par le grimage des frimousses des gamins, la projection de dessins animés, l'espace consacré au dessin libre avec du papier en abondance et des crayons de couleurs. Et puis, à côté, il y a la bibliothèque enfantine, un lieu aménagé à hauteur d'enfant et où le visiteur adulte se prend d'envie de revenir à l'âge de l'insouciance et du jeu.