Plus de 150 neurologues et neurophysiologistes de toutes les régions d'Algérie étaient à Annaba ce dernier week-end pour participer aux 6es journées nationales de neurologie, organisées par l'Association des médecins privés de Annaba (AMPA). Durant deux jours, ces spécialistes du neurone ont remplacé leur bistouri, leur scanner et leur caméra à positions, par des communications dans une tentative de chercher à défricher le terrain de l'épilepsie et des accidents vasculaires cérébraux (AVC). Ils ont également débattu des tumeurs et scléroses, des maladies de parkinson, d'Alzheimer, de démences séniles. Outre leurs confrères des autres spécialités médicales comme la psychiatrie, des représentants des associations locales de malades faisaient partie de leur auditoire. Ces derniers étaient intéressés par les causes de l'épilepsie, véritable problème de santé publique dont sont atteints environ 300 000 algériens qui, pour la plupart, sont concentrés dans les grandes villes. Dans ce décompte, Annaba se classerait en seconde position après Alger. Le stress tient le haut de la liste des principaux facteurs favorisant les AVC. Pour bon nombre de participants, si l'épilepsie est souvent d'origine génétique, ce n'est pas le cas pour les AVC aux coûts économique et social qualifiés de très lourds. A Annaba, le stress s'est transformé en un quotidien avec un taux de pollution de plus en plus élevé, la criminalité et la délinquance en hausse, l'insécurité, l'absence de lieux de loisirs et de détente, la promiscuité, le chômage et les accidents de la route. D'où le nombre de plus en plus élevé des AVC. Faute de prise en charge efficace, ces accidents entraînent paraplégie et autres séquelles souvent irréversibles. S'il existe sur le papier, le service de neurologie de l'hôpital Ibn Sina du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Annaba est presque inopérant. Le constat a été fait par le professeur Mohamed Arezki du CHU de Blida, président de la Société algérienne de neurologie et président de la Fondation maghrébine de neurologie : « Il existe 7 services de neurologie en Algérie. Si celui de l'ancien CHU d'Oran est en ruine alors que le tout récent est toujours fermé, à Annaba il n'existe que sur du papier car pratiquement inopérant. La situation pourrait s'améliorer avec la décision du ministre de la santé de doter chaque CHU dans le pays d'un service d'imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM). » Le professeur Arezki avait été précédé par plusieurs praticiens, dont le professeur Aït Kaci de l'hôpital Aït Idir. Ce dernier est intervenu sur les rechutes graves et mortelles des états de mal épileptiques et sur l'indisponibilité des antiépileptiques de nouvelle génération en Algérie. Lors de ces deux journées, des équipes hospitalières de l'hôpital de Ben Aknoun et des CHU Mustapha Bacha et de Constantine conduites par respectivement les professeurs Malika Chaouch, Meriem Tazir et Abdelmadjid Hamri ont offert aux participants leur expérience dans la prise en charge de certains aspects rares de l'épilepsie. Les neurologues ont pioché dans les émotions pour tenter de repousser le flou qui entoure l'épilepsie et les AVC en Algérie. Le professeur Masmoudi du CHU de Bab El Oued et le docteur Mosbah de Annaba ont, quant à eux, présenté leur expériences respectives en matière d'épilepsie pharmaco-résistante et de sevrage médicamenteux : « L'épilepsie peut guérir dans 70% des cas, si le malade prend conscience de l'importance d'une prise régulière et sérieuse de son traitement », a affirmé le docteur Mosbah.