Deux millions d'hectares sont menacés par la désertification en Algérie. » La phrase de A. Khalif chargé du dossier sur la désertification auprès du ministère de l'Agriculture est choc, mais également illustratrice des efforts entrepris pour la tenue exceptionnelle de la Journée mondiale de l'environnement à Alger. « Ne désertez pas les zones arides » est le thème central de l'événement qui a attiré du monde hier au Palais des nations. Les ambassadeurs du Danemark, de France, de l'Union européenne, mais également le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, le ministre de la Santé Amar Tou, Khalida Toumi, ministre de la Culture étaient réunis pour l'occasion. Sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), la journée d'hier venait couronner une semaine de festivités à travers le pays pour clôturer l'événement par la signature d'une charge des déserts. « En souhaitant que la charte ait autant d'impact que la convention sur la désertification signée à Johannesburg en 2002 », a soutenu le président de la République Abdelaziz Bouteflika, lors de la cérémonie d'ouverture de la Journée de l'environnement, hier, au Palais des nations au Club des Pins, honoré que Alger ait été choisie parmi d'autres capitales pour inaugurer l'événement. L'impact en sera d'autant plus grand sur le public qu'« il s'agit de sensibiliser », a rappelé M. Bouteflika. Le mot d'ordre du chef d'Etat étant de souder les actions et d'agir en partenariat pour lutter efficacement contre le phénomène. Un partenariat international, régional et local et qui, selon lui, mêle le milieu des affaires, les gouvernements, les médias et la société civile à réaffirmer leur engagement en faveur de l'environnement et du développement durable. Les questions environnementales demeurent intimement liées au développement durable. Des nations entières, vivant dans les zones arides, sont privées de produits alimentaires, acculées à exploiter les ressources au dépens de l'environnement. « La proportion de pauvres est élevée dans les zones arides », a constaté le chef de l'Etat, soulignant l'urgence des actions à entreprendre. Il invite, à ce titre, chercheurs et scientifiques à discuter pour trouver des solutions concrètes qui pourront être exploitées lors de la conférence en octobre prochain sur la désertification. Des solutions qui pourront contrecarrer l'avancée du désert et qui aideront les populations séculaires, « en manque de capitaux et d'opportunités », à accéder et à gérer de manière adéquate les ressources. Le président, qui revient sur la disponibilité de l'Algérie à coopérer et à apporter son concours pour l'établissement d'un plan multiforme, souligne que l'événement invite « à la réflexion lucide et sans complaisance ». Réflexion qui tend à assurer « qu'il n'y a aucune fatalité géologique ou climatique », selon le chef d'Etat, et que seul importe l'action concertée. Le bilan actuel établit quelque 500 millions d'hectares affectés par la désertification mettant en péril des millions d'individus. Un danger induit par les conflits armés sur l'appropriation des terres ou provenant de l'insécurité alimentaire. Des chiffres : 2 milliards de personnes habitent dans des zones arides, 40% de la planète sont menacés et 10 à 20% des zones arides se sont déjà dégradées. Le PNUE, qui a tenu à marquer l'événement en récompensant des enfants des grandes régions du globe pour leurs dessins, a également remis un prix au président de la République pour son investissement dans la lutte contre la désertification.