"La désertification: quel avenir pour l'Afrique", est le thème d'un atelier international sur la désertification en Afrique, qui s'est tenu hier à l'APN. Organisé par le Parlement panafricain en collaboration avec l'Assemblée populaire nationale, cet atelier a vu la participation de plusieurs institutions et organisations internationales d'une vingtaine de représentants de pays africains et les députés européens. Les travaux de cette rencontre ont porté notamment sur les changements climatiques et leur impact sur le système écologique, les effets de la désertification sur l'exode des populations et ses implications sur la stabilité politique et les économies des pays africains. Il faut dire que l'Afrique perd chaque année 9 milliards de dollars US à cause de la désertification, ce qui appauvrit le continent et poussera 65 millions d'Africains à émigrer vers l'Occident à l'horizon 2025, ont souligné les experts. Dans ce contexte M. Abdesselam Chelghoum, secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, a tenu à préciser que "la désertification fait perdre 48 milliards de dollars à l'économie mondiale, dont 9 milliards à l'Afrique". Il a estimé à 12 millions d'hectares la superficie des terres menacées par la désertification en Algérie, dont les quatre cinquièmes de son territoire sont désertiques et où seulement 3% des terres sont cultivables. La lourde tâche de faire face au phénomène de la désertification et de l'érosion des sols, incombe en premier lieu à la Direction générale des forêts (DGF), créée en 1995, sous la tutelle du ministère de l'Agriculture. La DGF s'appuie sur un organe national de coordination mis en place en 1998, chargé du suivi de l'ensemble des activités ayant trait à la lutte contre la désertification. Le président de l'APN, M. Amar Saïdani, dans une courte allocution lue en son nom par le vice-président de l'Assemblée, M. Benyoucef Zouani, a souligné l'importance de cet atelier "pour dégager une vision commune africaine de manière à préserver la diversité biologique, unique, en Afrique". Le ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, M. Cherif Rahmani, a relevé, de son côté, que le changement climatique constaté ces dernières années à l'échelle planétaire "se matérialisera de façon négative sur les ressources en eau et les sites agricoles en Algérie, avec notamment l'avancée du Sahara vers la région du tell". Aussi, l'avancée du désert favorisée par le réchauffement climatique et l'absence des couvertures végétales menace 2 millions de personnes à travers le monde. Dans ce contexte, M. Rahmani a appelé à une coopération internationale dans la lutte contre la désertification, indiquant que pour "transformer un hectare de terres semi-arwides en surface agricole, il faut 400 millions de dollars sur 3 ou 4 ans". Il a également relancé l'idée de faire de la décennie 2010-2020 celle de la lutte contre la désertification, à l'image de l'année 2006 de lutte contre la désertification, dont l'Algérie a accueilli les principales activités. "Cette proposition a été soutenue par les Etats-Unis, le Canada, le G77 et l'ensemble des pays arabes, en vue de la soumettre prochainement à l'Assemblée générale des Nations unies pour adoption", a-t-il ajouté. A noter que l'Algérie, qui est signataire de la convention internationale pour la lutte contre la désertification, a lancé une stratégie de reboisement sur 20 ans qui devrait atteindre 1 million d'hectares de surfaces reboisées et créer 500 000 emplois. Aussi notre pays a pu réhabiliter 5 millions d'hectares de terres sur 12 millions d'hectares de terres ravagés. Alors que l'ONU a décrété l'année 2006 "Année des déserts et de la désertification", l'Algérie, à travers son programme de revitalisation des parcours steppiques, tente de venir à bout de ce phénomène qui menace de pauvreté une population évaluée à près de 7 millions d'habitants. Ce constat rapporté dans le rapport sur l'état et l'avenir de l'environnement indique, également, la répartition des zones menacées par le phénomène de la désertification, (zone très sensible, sensible et moyennement sensible). Dans le souci de lutter contre la désertification, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural compte mettre en œuvre, dans une projection décennale, cinq mesures. Il s'agit d'un programme d'intensification pour la régénération des parcours, à travers la mise en défens d'une superficie de 2 millions d'hectares par an et la plantation d'espèces fourragères et de la densification des points d'abreuvement du cheptel, dont l'objectif vise la réalisation de points d'eau pour une superficie de 1 500 hectares pour les zones steppiques, 5 000 hectares pour les zones présahariennes. Il s'agit également de l'intensification de la production fourragère et de la réhabilitation de l'agriculture oasienne, ainsi que d'un programme de reboisement pour la reconstitution des massifs forestiers de l'Atlas saharien, sur une superficie de 3 millions d'hectares et de la consolidation des réalisations du projet de barrage vert.