En dépit des besoins exprimés par la population dans différents secteurs et des promesses des responsables, des dizaines d'opérations n'ont pas été concrétisées à ce jour. La vision stratégique de la wilaya dans la gestion des différents programmes de développement n'est ni plus ni moins qu'un slogan théorique. La réalité du terrain contredit les discours et les rapports transmis. Pour preuve, de nombreux et importants projets structurants sont en hibernation depuis de longues années. S'étendant sur une superficie de 285 ha extensibles à 400 ha, le nouveau pôle urbain du chef-lieu où un programme de 4600 logements dotés de tous les équipements (scolaires, de santé, de jeunesse et loisirs, de commerce, de postes et télécommunication, de services hôtellerie et de sûreté) ne voit pas le jour. Regroupant en outre 12 sièges de directions et structures administratives, le futur siège de la wilaya, une cité culturelle (une école des beaux-arts, une salle de spectacles, un théâtre régional), le pôle urbain devant métamorphoser le site de Chouf Lekdad demeure pour l'heure un vœu. Il est de même pour la gare intermodale qui aurait, selon certaines indiscrétions, changé d'intitulé. Les 272 opérations (20 000 places pédagogiques, 19 000 lits, deux restaurants centraux, une salle de conférences, une bibliothèque centrale, 19 lycées, 15 CEM, 33 écoles primaires, 344 salles de classe d'extension, 20 demi-pensions et cantines et 12 salles de sport) inscrits à l'actif de l'enseignement supérieur et de l'éducation nationale, avance à pas de tortue au grand dam des utilisateurs et des gestionnaires des deux secteurs, devant, une fois de plus, composer avec des déficits et la surcharge des structures d'accueil. Le complexe sportif de 50 000 places couvertes dont le cahier des charges a été visé par la commission nationale des marchés le 10 octobre 2011 (voir El Watan week-end du 2 décembre 2011) n'est, après 6 ans et 6 mois de son inscription (juin 2007), toujours pas lancé. Mobilisée pour rien, l'autorisation de programme de 16 milliards de dinars (160 millions d'Euros) du projet végétant dans les tiroirs aurait pu servir à autre chose. Les engagements des responsables ayant martelé que les travaux du stade seront lancés avant la fin de 2013, n'ont pas été tenus. La piscine olympique de l'ENSO (école nationale des sports olympiques) n'est pas officiellement inaugurée. Le nouvel hôpital mère et enfant (HME) de 240 lits, n'est pas fonctionnel. Le transfert des malades et des différents services de l'ancien HME qui sera, nous dit-on, transformé en un grand hôpital enfant, est bloqué par bon nombre de contraintes. «Il ne faut plus se voiler la face. On ne peut pas gérer une aussi grande wilaya uniquement sur la base de comptes rendus et rapports erronés. Des projets de la dimension du HME, du CAC, de l'université Sétif II, de l'ENSO des différents programmes de logements et d'équipements socio-éducatifs, ne peuvent avancer sans un suivi continu. Ni les autorités de la wilaya ni les élus n'ont donné une grande importance à ces projets pour lesquels l'Etat a consacré de gros investissements. Il ne faut pas avoir peur des mots pour dénoncer les dysfonctionnements à l'origine de cette panne ne disant pas son nom. C'est uniquement à la veille de la visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qu'on s'est rappelé l'existence de ces chantiers qu'on ne pouvait boucler dans la précipitation. Le HME et le CAC illustrent bien le mal d'une wilaya qui mérite mieux», dira sous le sceau de n'anonymat un initié. Lancé depuis plus de 4 ans, pour un montant de 13 milliards de dinars (130 millions d'Euros), la réalisation d'une double voie et la modernisation des installations de la voie ferroviaire Sétif-El Gourzi- Constantine sur une distance de 118 km n'est pas achevée. Fonctionnel ailleurs, le tramway de Sétif n'en finit plus avec les phases des études. Retenue au titre du programme quinquennal 2010-2014, la méga zone industrielle d'Ouled Saber où 780 ha ont été dégagés, marque le pas, au grand dam des investisseurs et de milliers de chômeurs. On a aussi beaucoup parlé de 14 zones économiques d'activité (ZEA), devant donner un grand coup de fouet aux économies de bon nombre de localités de la wilaya. L'amélioration urbaine qui a mobilisé 7 milliards de dinars (70 millions d'Euros) rien que pour le programme complémentaire de 2012, n'ont pas donné les résultats escomptés. Le cadre de vie des 40 communes concernées par l'opération n'a pas changé. «Le blocage de ces projets influe négativement sur le développement et le marché d'emploi de la wilaya. Il est inconcevable et inadmissible à la fois qu'une importante manne financière se conjuguant en certaines de millions d'Euros reste immobilisée des années durant. On ne peut prétendre à la croissance avec une manne financière dormante et des millions d'heures de travail bloqués», martèle un économiste qui s'explique mal l'inconfortable situation de la wilaya de Sétif, bloquée par l'inertie des uns et l'assourdissant silence des autres.