Mêmes procédés pour une même propagande. Pour le grimage d'un bilan de 15 ans de règne du président Bouteflika, le pouvoir met, comme ce fut le cas en 2009, les gros moyens : médias lourds, sorties sur le terrain du staff gouvernemental et mise à contribution des partis et organisations satellites du régime. Tout ce monde est mobilisé, à temps plein, pour faire les louanges des «grandes réalisations qui sont le fait de la politique sage de Son Excellence le chef de l'Etat». Les échecs et les grands ratages de ces longues années de pouvoir n'ont plus droit de cité dans cette entreprise communicationnelle de grande envergure. Et le matraquage médiatique entamé depuis quelques semaines se poursuivra sans nul doute jusqu'à la veille de l'élection présidentielle de 2014. En effet, à défaut d'un bilan détaillé devant être présenté devant les parlementaires comme promis par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le pouvoir opte pour la communication, notamment via les médias lourds. Les chaînes de radio et de télévision publiques, a-t-on constaté depuis quelques semaines, ont mobilisé leurs armées de journalistes et techniciens pour énumérer «tous les succès de la politique du président Bouteflika». Reportages, comptes rendus, émissions… les médias lourds passent en revu, chaque jour, tous les secteurs où l'on constate dans le fait une véritable pression sociale : habitat, emploi, agriculture, industrie… L'objectif est sans nul doute de contredire la réalité du terrain et de passer sous silence le mécontentement des citoyens qui revendiquent encore le droit au logement, à un emploi décent, à un accès aux soins… Parallèlement, le staff gouvernemental et les responsables des partis au pouvoir mènent également campagne sur un autre registre : la stabilité, la paix et la sécurité. Outre le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui n'a cessé de rappeler durant ses sorties dans les wilayas «les bienfaits de la stabilité et de la réconciliation nationale», les responsables du FLN, du RND et des parlementaires ne ratent aucune occasion pour le souligner. «La stabilité, c'est grâce à Bouteflika. La paix et la réconciliation, ce sont son fait aussi. Le développement économique est le fruit de sa politique», répètent-ils sans cesse. Mais l'opinion publique n'arrive pas à comprendre le but de cette propagande. Prépare-t-on le terrain pour un quatrième mandat pour un Président dont l'état de santé ne cesse de se détériorer ? Cherche-t-on une sortie honorable pour ce même Président qui peine déjà à terminer son troisième mandat ? En tous les cas, cette offensive propagandiste cache un véritable malaise qui est la conséquence du flou caractérisant la scène nationale depuis plus d'une année. Ignorant encore les intentions du chef de l'Etat quant à sa volonté de briguer ou non un mandat supplémentaire, ses partisans et les courtisans soufflent, ces derniers jours, le chaud et le froid. Alors que certains continuent encore à seriner leur appel à un 4e mandat, d'autres préfèrent moduler leur discours en se disant être toujours prêts à soutenir Abdelaziz Bouteflika.