Après Sidi Bel-Abbès, où il avait annoncé qu'il allait présenter le bilan des trois quinquennats du président Bouteflika, Abdelmalek Sellal récidive à partir de Sétif, en couvrant le chef de l'Etat de louanges et en lui attribuant tous les bienfaits dont jouirait présentement l'Algérie. Jusque-là, il est dans le rôle qui lui a été dévolu. Seulement, car il y a un "seulement", le Premier ministre va plus loin cette fois-ci et ouvre une piste que l'on croyait définitivement abandonnée par le clan au pouvoir : la possibilité d'offrir au Président malade une sortie honorable. En évoquant la nécessité d'un changement qui se fasse dans le calme, le Premier ministre revient au scénario défendu par le président Bouteflika en personne, en plein Printemps arabe, mais abandonné par la suite. Abdelmalek Sellal se met, donc, dans la peau d'un éclaireur, pour essayer de vendre l'option d'une sortie honorable, tandis que Amar Saâdani, lui, entonne le refrain du quatrième mandat. Partage de rôles ? Brouillage de pistes ? Rien n'est encore sûr, sachant qu'à la veille d'échéances politiques aussi importantes, tous les scénarios restent possibles et l'indécision de la classe politique, du moins des candidats potentiels, en est la parfaite illustration. Cependant, et contrairement au matraquage médiatique des partisans du quatrième mandat, la sortie sétifienne de Sellal a ceci de particulier : elle remet en cause toute l'agitation des Saâdani, Ghoul et consorts, au moment où le Président lui-même ne souffle mot sur ses intentions. Pour le Premier ministre, faire le bilan des trois mandats de Bouteflika serait une sorte d'hommage à l'œuvre du chef de l'Etat sortant. Une sorte de glorification qui le prémunirait, lui et sa famille, contre toute poursuite, ou tentation revancharde. C'est cela "le changement dans le calme" dont parle le Premier ministre. Un changement qui ne serait fait au détriment de personne, surtout pas du Président sortant. Mais, méfions-nous des effets d'annonce, surtout en cette période de grandes incertitudes. Personne n'a oublié que c'est à partir de cette même Sétif, un certain 8 mai 2012, que Bouteflika, alors en campagne pour se prémunir contre le Printemps arabe, avait lancé son fameux "tab djnani". Les élections qui ont suivi ce discours ont fini par refroidir les plus optimistes. Nom Adresse email