Imminente démission de Ali Laârayedh suite à l'élection de l'Instance des élections. Tunis De notre correspondant Face à la montée de la grogne populaire contre la hausse des taxes, le gouvernement islamiste de Ali Laârayedh s'est vu obliger de faire marche arrière et d'abandonner son projet d'augmentation. Un mini Conseil ministériel extraordinaire s'est tenu hier à la présidence du gouvernement à la Kasbah et a décidé de suspendre tous les articles comportant des hausses de redevances fiscales pour les prestataires des services. Il s'agit notamment des camions transporteurs ou à usage agricole, des taxis et des locations. Le gouvernement a ainsi cédé sous la pression des Tunisiens qui sont descendus crier leur colère contre les décisions impopulaires de la loi de finances 2014. Cette grogne populaire a fait trembler le gouvernement islamiste, d'autant plus que les airs de liberté apportés par la révolution du 14 janvier 2011 ont aidé à ce que le peuple donne libre cours à sa colère. Le gouvernement a donc vite cédé à la pression, surtout que la Tunisie est en phase préélectorale. Ce recul risque toutefois de coûter cher à Ennahda, surtout que le gouvernement Laârayedh va incessamment démissionner dans le cadre du Dialogue national. Ladite démission ne saurait qu'être associée chez une large frange de la population à ce dernier échec cuisant de la gouvernance nahdhaouie en Tunisie. Election de l'ISIE Concernant le Dialogue national, les islamistes d'Ennahda et l'opposition sont parvenus, hier en fin de matinée, à un consensus sur la composition de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), ouvrant ainsi la voie à l'élection par l'Assemblée nationale constituante (ANC) des neuf membres de l'ISIE. Laquelle élection a commencé hier en début d'après-midi et devrait se terminer en début de soirée pour permettre d'élire, au cours de la même plénière, le président de l'ISIE. On chuchote dans les coulisses le nom de l'universitaire Chafik Sarsar, comme candidat consensuel à ce poste. Si ce scénario est réalisé, ladite instance devrait se réunir aujourd'hui pour établir un calendrier des échéances électorales qui attendent la Tunisie. Avec cette fin imminente du marathon de l'ISIE, se dégage en principe le dernier obstacle devant la démission du gouvernement de Ali Laârayedh. En effet, ce dernier avait affirmé, avant-hier, au Quartette d'organisations parrainant le Dialogue national qu'«il démissionnera une fois l'ISIE formée». Ce sera le nominé Mehdi Jomaâ, l'actuel ministre de l'Industrie, qui a été choisi pour succéder à Laârayedh et présider le prochain gouvernement formé de compétences indépendantes. Pour ce qui est de l'adoption de la Constitution, l'ANC est déjà parvenue à entériner 44 articles (sur les 146) du projet en examen.La date fatidique du 14 janvier arrive, certes, à grands pas. Mais le défi de finir, entre-temps, les trois processus est encore réalisable si la volonté politique est confirmée. La Tunisie vacille toujours entre le doute et l'espoir.